Billetterie

Carné, Duvivier, Grémillon, Renoir

Quatre maîtres du cinéma français des années 1930

IL Affiche CINE ANNEE 30 RVB 500pxDu 24 mars au 31 mai 2022


C'est une décennie mouvementée, qui débute dans les crachotements des haut-parleurs d'une technique révolutionnaire – le cinéma parlant – et qui s'achève dans le bruit glaçant des bottes – une débâcle et un pays sous le joug. Entre les deux, une nation et une industrie traversées par des inquiétudes économiques (les conséquences de la crise de 1929), des aventures collectives enthousiasmantes (le Front populaire, au pouvoir en 1936) puis une ombre de plus en plus menaçante, qui peu à peu recouvre le monde : le nazisme. Le cinéma français n'échappe pas à l'esprit du temps : la faillite de Bernard Natan, producteur d'une trentaine de films à la tête de Pathé-Natan (dont La Petite Lise, présenté dans ce programme) est l'occasion d'une terrible cabale antisémite qui l'enverra en prison (et plus tard à Auschwitz). Entre 1930 et 1939, le cinéma français produit en moyenne environ 120 films par an, et la fréquentation passe par exemple de 230 millions en 1931 à 450 millions en 1938. Il y a, bien sûr, pléthore de paresseuses adaptations de pièces de boulevard, puisque les comédiens, désormais, parlent. Et aussi d'innombrables pochades : le comique troupier, par exemple, fait recette. Mais la décennie marque surtout l'épanouissement exceptionnel d'une multitude de talents. Des réalisateurs : pour n'en citer que quelques-uns, Jean Renoir, Julien Duvivier, Marcel Carné, Jean Grémillon, aujourd'hui célébrés, mais aussi René Clair, Henri Decoin, Sacha Guitry, Marcel Pagnol ou le météore Jean Vigo ; des scénaristes : Jacques Prévert, Charles Spaak, Henri Jeanson, Jean Aurenche, etc. ; des interprètes d'exception : Arletty, Françoise Rosay, Viviane Romance, Mireille Balin, chez les dames ; Raimu, Harry Baur, Louis Jouvet, Michel Simon, Carette, Robert Le Vigan chez les messieurs. Sans compter l'avènement de Jean Gabin, qui finit la décennie en star internationale – et que l'on verra dans neuf des vingt-huit films ici présentés.
Cette conjonction de talents fait dire à Jacques Lourcelles (dans son Dictionnaire du cinéma), que « durant cette époque, la plus riche de son histoire, le cinéma français se trouve constamment au cœur et même à l'avant-garde des principales recherches esthétiques mondiales. » À la fin des années 30, ajoute-t-il, « il fut peut-être le premier du monde ».
Les quatre cinéastes dont les films sont présentés dans ce programme ont chacun leur identité, leur style : Marcel Carné, avec l'aide de Jacques Prévert, reconstruit le réel pour mieux le saisir ; Julien Duvivier met sa formidable puissance visuelle et narrative au service de sa noire vision du monde ; Jean Grémillon, le plus marqué par les aléas de production, traque la réalité sous le romanesque ; et Jean Renoir touche à tout, fidèle à la théorie du bouchon de son père (« il faut se laisser aller dans la vie comme un bouchon dans le cours d'un ruisseau ») : tantôt compagnon de route du PCF, tantôt produit par des Russes blancs (Les Bas-fonds), réinventant Zola et captant finalement la sarabande tragique de l'époque. Car tous sont rattrapés, consciemment ou pas, par la « montée des périls ». Comme le note l'historien et critique Jean-Pierre Jeancolas dans 15  ans d'années trente  : «  La France déprime. Elle s'angoisse, elle se cogne à une réalité de plus en plus pressante, la guerre. La guerre encore. Elle ne veut pas la voir en face. Elle tente d'exorciser les menaces par un sacrifice. Elle tue Jean Gabin. Plusieurs fois. (…) Ce n'est certes pas à chaque fois le même film, mais c'est la même désespérance, la même conscience de l'inutilité tragique de la volonté. » Ou, comme le dit joliment Jean Gabin dans Le Quai des brumes : « Ah là là ! Tout ça, c'est toujours pareil, tiens, va, vacherie, vacherie et compagnie… »

 

L'Institut Lumière a toujours défendu ardemment le cinéma français.
Sur cette période des années 1930, des ouvrages ont été publiés dans sa collection de livres de cinéma chez Actes Sud, en particulier : Jeux d'auteurs, mots d'acteurs - Scénaristes et dialoguistes du cinéma français 1930-1945 (1994) puis le 2e volume Le Poing dans la vitre, scénaristes et dialoguistes du cinéma français 1930-1960 sous la direction d'Alain Ferrari (2006), qui sera en vente pendant la rétrospective.
Il y a bien sûr les livres références de Raymond Chirat, figure fondatrice de l'Institut Lumière, qui a donné son nom au centre de documentation, dont les célèbres encyclopédies du cinéma français (Pygmalion).
Et également le documentaire de Bertrand Tavernier sorti en 2016 (cf p.9), et la série qui a suivi, de 8 épisodes : Voyages à travers le cinéma français.


Une rétrospective dédiée à la mémoire de Bertrand Tavernier

 

Au programme

Conférence Histoire et cinéma : les années 1930
Mardi 12 avril
En présence de Lionel Lacour, agrégé d'Histoire et réalisateur de documentaires sur le cinéma
18h30 Conférence sur la France des années 1930 (env. 1h, avec extraits de films)
20h15 Pépé le Moko de Julien Duvivier (1937, 1h34)

Bertrand Tavernier et le cinéma français
Mercredi 13 avril

Séance présentée par Maelle Arnaud
19h15 Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier (2016, 3h12)

Le cinéma français des années 1930 par Guillemette Odicino
Mardi 26 avril
En présence de Guillemette Odicino, cheffe de rubrique cinéma à Télérama et chroniqueuse sur France Inter
18h30 Conférence sur les années 1930 chez Grémillon, Renoir, Duvivier et Carné (env. 1h15)
20h30 Le Jour se lève de Marcel Carné (1939, 1h33)

Le réalisme poétique

Mercredi 11 mai

18h30 Ciné-conférence sur le réalisme poétique par Fabrice Calzettoni (env. 1h30)
20h30 Le Quai des brumes de Marcel Carné (1938, 1h31)

PRÉSENTATIONS DE FILMS
Jeudi 7 avril à 18h30
La Chienne de Jean Renoir (1931, 1h34) présenté par Jérémy Cottin

Mardi 3 mai à 18h30
Les Bas-fonds de Jean Renoir (1936, 1h35) présenté par Maelle Arnaud

Vendredi 6 mai à 18h30
Hôtel du Nord
de Marcel Carné (1938, 1h35) présenté par Maelle Arnaud

Mardi 17 mai à 18h30
La Grande illusion
de Jean Renoir (1937, 1h43) présenté par Jérémy Cottin

Vendredi 20 mai à 18h30
La Règle du jeu
de Jean Renoir (1939, 1h46) présenté par Fabrice Calzettoni



Tarif spécial pour les étudiants à 3 € la séance !

 

 

Les films de la rétrospective

 

Petite-Lise

La Petite Lise de Jean Grémillon
(1930, 1h25, N&B)

Un bagnard gracié retrouve sa fille, impliquée dans un meurtre… Le premier film parlant de Grémillon, qui garde la puissance visuelle du muet – incroyables scènes de bagne – pour donner toute sa vérité au mélodrame. Composition puissante d'Alcover. Mal sorti à Noël 1930, ce film sombre fut un échec et contraignit son auteur à plusieurs années de purgatoire.

SÉANCE UNIQUE EN 35mm !
Jeudi 5 mai à 18h30 

 

DAVID-GOLDER

David Golder de Julien Duvivier
(1931, 1h26, N&B)

L'homme d'affaire David Golder, dont chacun cherche à exploiter la richesse, apprend lors d'une dispute conjugale que sa fille n'est pas de lui… Premier chef-d'œuvre parlant de Duvivier, d'après le roman à succès d'Irène Némirovsky : violence des rapports humains, soumis à l'argent, chronique de l'antisémitisme « ordinaire » de l'époque, génie de Harry Baur. Un choc.

Jeudi 14 avril à 20h45
Mardi 26 avril à 16h30 


ON-PURGE-BEBE

On purge bébé de Jean Renoir
(1931, 52min, N&B)

Follavoine lorgne le marché des pots de chambre pour l'armée. Mais le jour où il reçoit Fouilloux, le responsable des achats, Toto, son fils, est constipé… Renoir n'aurait accepté cette adaptation d'une courte pièce de Feydeau que pour s'initier au parlant avant La Chienne. Mais il est tout entier dans cette irrésistible satire de la bêtise bourgeoise, portée par les talents comiques de Michel Simon et Fernandel.


Partie-CampagneSuivi de
Partie de campagne de Jean Renoir
(1936 – sorti en 1946, 40min, N&B)

Un pique-nique familial au bord de la rivière. Pendant que les hommes pêchent, deux canotiers abordent la jeune Henriette et sa mère… Mystérieusement, Renoir délaissa le tournage de cette libre adaptation d'une nouvelle de Maupassant, achevée dix ans après sa mise en chantier. Pourtant, il y est tout entier, chroniqueur de la fugacité du bonheur, mais aussi nostalgique des sujets de son père. Une splendeur.

Mardi 31 mai à 18h  

 

CHIENNE

La Chienne de Jean Renoir
(1931, 1h34, N&B)

Persécuté par sa femme, Legrand tombe sous le charme de Lulu et décide de l'entretenir… Le génie de Renoir éclate dans cette tragi-comédie où les morts ressuscitent et les innocents vont en prison, où le réalisme garanti par « l'authenticité sonore » – le son direct auquel le cinéaste croit désormais – accroît l'efficacité de la fable libertaire. Immense Michel Simon.

Jeudi 7 avril à 18h30 (présenté par Jérémy Cottin)
Mardi 12 avril à 16h30
Vendredi 6 mai à 16h30
Samedi 7 mai à 15h 

 

DAINAH-LA-METISSE

Daïnah la métisse de Jean Grémillon
(1931, 51min, N&B)

Sur un navire ralliant Nouméa, une passagère métisse est agressée par un marin… Amputé d'un bon tiers, sorti sans le nom de Grémillon, ce court récit offre deux grands rôles à des acteurs de couleur, rareté à l'époque : Laurence Clavius et Habib Benglia, aux côtés de Charles Vanel et Gabriel Fontan. Très explicite sur la frustration sexuelle des personnages, Grémillon signe des scènes fortes dont un étrange bal masqué. Une curiosité.

SÉANCE UNIQUE !
Mercredi 4 mai à 17h 

 

Boudu-sauve-des-eaux

Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir
(1932, 1h33, N&B)

Boudu, un clochard, est sauvé de la noyade par Lestingois, libraire progressiste, qui le recueille chez lui. Mais Boudu lutine la bonne et crache dans un Balzac. Inacceptable !… Éloge absolu et nonchalant de la liberté, le film est d'une drôlerie constante, porté par l'interprétation de Michel Simon, ici quasiment co-auteur (et comme tout droit sorti de l'épilogue de La Chienne).

Vendredi 25 mars à 16h30
Mardi 5 avril à 20h30
Samedi 21 mai à 18h15
Mercredi 25 mai à 16h30  

 

TETE-D-UN-HOMME

La Tête d'un homme de Julien Duvivier
(1933, 1h30, N&B)

Un homme commet un crime apparemment parfait  : il tue une rentière et laisse accuser un simple d'esprit. Mais Maigret a un doute… En adaptant Georges Simenon, Julien Duvivier prend des libertés avec le livre, privilégiant l'affrontement entre Harry Baur et l'acteur russe Valery Inkijinoff. Au cœur du polar, toute la noirceur du cinéaste.

Samedi 9 avril à 16h45 

 

TONI

Toni de Jean Renoir
(1935, 1h25, N&B)

Dans le sud de la France, un ouvrier immigré italien, mal marié à sa logeuse, aide celle qu'il aime en dissimulant un meurtre… Tourné sur les terres de Pagnol (qui le distribue), Toni est un film à part, qui annonce le néo-réalisme : tournage en extérieur, figurants non-professionnels, mis au service d'une rugueuse tragédie ethnographique.

Jeudi 21 avril à 16h30 

 

BANDERA

La Bandera de Julien Duvivier
(1935, 1h43, N&B)

Auteur d'un meurtre, Pierre Gilieth fuit la France et s'engage dans la Légion étrangère espagnole. Il soupçonne un autre légionnaire d'être un indicateur de la police… D'après un roman de Mac Orlan, une brique de plus à l'édifice du mythe Gabin, paria et héros. Montrant « un groupe d'êtres retirés du monde des vivants (…), Duvivier exprime ses fantasmes noirs et ses démons personnels. » (Jacques Lourcelles). Avec aussi Annabella, Viviane Romance, Robert Le Vigan.

Mardi 24 mai à 18h30
Vendredi 27 mai à 20h30

 

Crime-de-M-Lange_Le

Le Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir
(1936, 1h24, N&B)

Lange a tué Batala, le patron véreux venu arracher à ses anciens employés, organisés en coopérative, l'imprimerie qu'il avait abandonnée. Est-il coupable ?… Unique collaboration Renoir-Prévert. Le cinéaste donne vie au grouillement joyeux de l'action collective. Tourné avant la victoire du Front populaire, le film en précède l'esprit, progressiste et partageur.

Samedi 16 avril à 19h15
Mardi 19 avril à 16h30
Samedi 14 mai à 17h 

 

VIE-EST-A-NOUS

La Vie est à nous film collectif dirigé par Jean Renoir
(1936, 1h03, N&B)

C'est Aragon qui suggéra le nom de Renoir (après la défection de Carné) pour ce film financé par le Parti communiste. Autour d'images d'actualités, trois histoires montrent l'utilité des luttes collectives pour les travailleurs de différents secteurs. Renoir, bien aidé par Jacques Becker et Jean-Paul Le Chanois, leur donne une authenticité qui excède la propagande.

SÉANCE UNIQUE !
Jeudi 14 avril à 19h15 

 

BELLE-EQUIPE

La Belle équipe de Jean Duvivier
1936, 1h44, N&B)

Cinq chômeurs gagnent à la loterie et décident d'ouvrir une guinguette… Deuxième grand film sur l'esprit collectif du Front populaire, mais, à la différence du Crime de Monsieur Lange qui l'annonçait, celui-ci, fort du pessimisme de Duvivier, le peint comme une illusion passagère. Un grand rôle pour Jean Gabin, aux côtés de Charles Vanel, Raymond Aimos, Viviane Romance (et Fernand Charpin).

Jeudi 24 mars à 18h45 (présenté par Maelle Arnaud)
Lundi 18 avril à 20h30
Dimanche 8 mai à 16h30
Samedi 28 mai à 19h 

 

Jennyv2

Jenny de Marcel Carné
(1936, 1h45, N&B)

Espionnant sa mère Jenny, dont elle ignorait qu'elle tenait une maison de rendez-vous, Danielle rencontre Lucien, le jeune amant de Jenny… Premier long métrage de Marcel Carné, rendu possible grâce Françoise Rosay, et première collaboration avec Jacques Prévert. L'intrigue les intéresse moins que la création d'un petit monde, riche en personnages savoureux (joués notamment par Jean-Louis Barrault ou Robert Le Vigan).

SÉANCE UNIQUE !
Mardi 19 avril à 18h30 

 

BAS-FONDS

Les Bas-fonds de Jean Renoir
(1936, 1h35, N&B)

Des marginaux dans une pension sordide : parmi eux, Pépel le voleur, qui se prend d'amitié pour le Baron ruiné qu'il cherchait à voler… Cette adaptation libre de Gorki (par Charles Spaak et Evgueni Zamiatine, notamment) est une commande qu'accepte Renoir pour s'approcher de Gabin. Il y met tout son art et Jouvet y est magnifique. Récompensé du tout premier Prix Louis Delluc.

Mardi 3 mai à 18h30 (présenté par Maelle Arnaud)
Samedi 7 mai à 19h
Mercredi 11 mai à 16h30
Jeudi 12 mai à 16h30 

 

PEPE-LE-MOKO

Pépé le Moko de Julien Duvivier
(1937, 1h34, N&B)

Pépé le Moko, un ancien caïd de la pègre parisienne, s'est réfugié dans la labyrinthique Casbah d'Alger. L'inspecteur Slimane, profitant d'une idylle entre Pépé et la belle Gaby, va lui tendre un piège… La quintessence du film noir français d'avant-guerre : une atmosphère orientale et poisseuse recréée de main de maître par Duvivier, d'immenses seconds rôles et Gabin en irrésistible héros romantique séduisant la mystérieuse Mireille Balin.

Mardi 12 avril à 20h15 (présenté par Lionel Lacour)
Mercredi 20 avril à 20h30
Vendredi 22 avril à 16h30
Dimanche 24 avril à 16h15
 

 

GRANDE-ILLUSION

La Grande illusion de Jean Renoir
(1937, 1h43, N&B)

1916. Des prisonniers de guerre français sont transférés dans la citadelle du commandant von Rauffenstein. L'un d'eux veut s'évader… Classique des classiques : scénario spectaculaire et humain (de Renoir et Spaak), interprétation exemplaire (Jean Gabin, Erich von Stroheim, Pierre Fresnay, Marcel Dalio, Carette, etc.) et l'idée forte que l'origine sociale est plus forte que l'identité nationale.

Dimanche 17 avril à 16h30
Mardi 17 mai à 18h30 (présenté par Jérémy Cottin)
Mercredi 18 mai à 18h30
Mardi 24 mai à 16h30 

 

UN-CARNET-DE-BAL

Un carnet de bal de Julien Duvivier
(1937, 2h10, N&B)

Christine, récemment veuve, retrouve le carnet de son premier bal, quand elle avait seize ans. Elle part à la recherche de ses cavaliers d'alors… L'un des premiers films à sketches, qui permet à Duvivier de rassembler de nombreuses vedettes masculines (Louis Jouvet, Harry Baur, Raimu, Pierre Blanchar, Fernandel, etc.) autour de Marie Bell et de varier les styles (naturalisme, mélo, etc.) pour montrer comment les jeunesses sont toujours trahies par les aléas de la vie. Une brillante tragédie du désenchantement.

Vendredi 22 avril à 18h30
Samedi 23 avril à 15h 

 

GUEULE-D-AMOUR

Gueule d'amour de Jean Grémillon
(1937, 1h34, N&B)

Lucien, sous-officier en garnison à Orange, fait chavirer le cœur de toutes les femmes. On l'a surnommé “Gueule d'amour”. Il s'éprend de Madeleine, une demi-mondaine, change de vie pour elle… Le couple de Pépé le Moko (Jean Gabin, Mireille Balin) reconstitué pour un film au romanesque apparent mais qui devient peu à peu une tragédie de classe.

Samedi 16 avril à 15h
Lundi 18 avril à 18h30 

 

DROLE-DE-DRAME

Drôle de drame de Marcel Carné
(1937, 1h34, N&B)

Bourgeois et botaniste paisible, le londonien Molyneux écrit sous pseudo des romans policiers à succès. Son cousin, l'évêque Bedford, le soupçonne d'avoir tué sa femme… Dans une Angleterre d'opérette, une irrésistible fantaisie loufoque qui réunit pour la première fois un « carré magique » : Carné, Prévert, Trauner aux décors, Jaubert à la musique. Les acteurs (Michel Simon, Louis Jouvet, Françoise Rosay, etc.) s'en donnent à cœur joie. « Bizarre, vous avez dit bizarre… ? »

Jeudi 26 mai à 18h30
Samedi 28 mai à 15h 

 

Etrange-Monsieur-Victor

L'Étrange Monsieur Victor de Jean Grémillon
(1938, 1h43, N&B)

À Toulon, Victor Agardanne est commerçant respecté le jour, chef d'une bande de malfaiteurs la nuit. Lorsque, menacé, il tue l'un de ses complices, ce n'est pas lui qu'on accuse… Curieux film noir, tourné en studio à Berlin, que Raimu, impérial, joue presque comme une « pagnolade » et où Grémillon brouille sans cesse les frontières entre le bien et le mal. Avec aussi Madeleine Renaud, Pierre Blanchar, Viviane Romance.

Mardi 29 mars à 18h30

 

QUAI-DES-BRUMES

Le Quai des brumes de Marcel Carné
(1938, 1h31, N&B)

Jean, un déserteur, arrive au Havre où il croise plusieurs marginaux mais aussi une jeune fille, Nelly, dont il tombe amoureux. Le tuteur de Nelly veille… Chef-d'œuvre et quintessence du « réalisme poétique » – Carné préférait l'expression « fantastique social », empruntée à Mac Orlan, l'auteur du roman. Acteurs magnifiques (Jean Gabin, Michèle Morgan, Michel Simon, Pierre Brasseur…), photo mélancolique du grand Eugen Schüfftan, romantisme noir qui toujours époustoufle. L'un des plus beaux films du cinéma français, interdit sous Vichy pour « défaitisme ».

Mercredi 11 mai à 20h30 (présenté par Fabrice Calzettoni)
Dimanche 15 mai à 16h30
Vendredi 20 mai à 20h45

 

HOTEL-DU-NORD

Hôtel du Nord de Marcel Carné
(1938, 1h35, N&B)

À l'Hôtel du Nord, sur le Canal Saint-Martin, un jeune couple rate son suicide. La rescapée y devient serveuse et tape dans l'œil d'un truand, vaguement souteneur, qui se verrait bien changer d'atmosphère… Sans Prévert, mais avec Aurenche au scénario et Jeanson aux dialogues, Carné réinvente et enrichit le petit monde populaire du romancier Eugène Dabit. Sous le pittoresque et la drôlerie d'Arletty, des personnages au destin souvent tragique. Avec aussi Louis Jouvet, Annabella, Jean-Pierre Aumont.

Dimanche 10 avril à 16h45
Vendredi 6 mai à 18h30 (présenté par Maelle Arnaud)
Vendredi 13 mai à 18h30
Mardi 17 mai à 20h45

 

BETE-HUMAINE

La Bête humaine de Jean Renoir
(1938, 1h40, N&B)

Témoin d'un meurtre, Jacques Lantier, conducteur de locomotive, devient l'amant de Séverine, la femme de l'assassin… Transposition de Zola dans les années 1930, où l'hérédité, le thème des Rougon-Macquart, se confond avec la fatalité (« ce personnage qui doit figurer dans toute grande œuvre », disait Renoir). Puissant symbolisme visuel, qualité de l'interprétation – Gabin est inoubliable, aux côtés de Simone Simon, Fernand Ledoux, Carette. Un grand classique.

Vendredi 27 mai à 18h30
Samedi 28 mai à 17h

 

FIN-DU-JOUR

La Fin du jour de Julien Duvivier
(1939, 1h45, N&B)

Dans un hospice pour comédiens âgés, trois pensionnaires s'affrontent et se déchirent : Saint-Clair le séducteur, Marny l'ambitieux et Cabrissade le comique… Trois « monstres sacrés » (Louis Jouvet, Michel Simon, Victor Francen) s'amusent à jouer trois cabots malheureux. Magnifique scénario de Charles Spaak dont Duvivier tire une fable noire et cinglante sur l'égocentrisme et la peur de vieillir.

Vendredi 8 avril à 16h30
Vendredi 15 avril à 16h30
Mardi 24 mai à 20h30

 

JOUR-SE-LEVE

Le Jour se lève de Marcel Carné
(1939, 1h33, N&B)

Barricadé dans son appartement au sommet d'un immeuble parisien, un homme résiste à la police et se remémore ce qui l'a conduit au meurtre… Sur une structure inventive en flash-back successifs, Carné atteint le sommet d'une mise en scène millimétrée, coordonnée avec les décors de Trauner, pour dire la fatalité qui détruit les êtres. Le mythe Gabin à son apogée.

Mardi 26 avril à 20h30 (présenté par Guillemette Odicino)
Jeudi 5 mai à 16h30
Samedi 7 mai à 17h
Dimanche 22 mai à 16h

 

REGLE-DU-JEU

La Règle du jeu de Jean Renoir
(1939, 1h46, N&B)

Partie de chasse chez le Marquis de La Chesnaye : l'aviateur Jurieu, flanqué de son ami Octave, est amoureux de la marquise ; Lisette, la femme du garde-champêtre n'est pas insensible au charme d'un domestique. Le chassé-croisé amoureux va devenir tragédie… D'une liberté folle et d'une grande tenue littéraire (des échos de Musset, Marivaux, Rostand), voici les derniers feux d'un monde qui, selon l'expression de Renoir, « danse sur un volcan » : la comédie mondaine se pare des angoisses du printemps 1939. Boudé à sa sortie, le film est aujourd'hui justement révéré. Avec Marcel Dalio, et un Carette savoureux, comme à son habitude.

Dimanche 15 mai à 18h30
Vendredi 20 mai à 18h30 (présenté par Fabrice Calzettoni)
Mercredi 25 mai à 18h30
Vendredi 27 mai à 16h30

 

CHARRETTE-FANTOME

La Charrette fantôme de Julien Duvivier
(1939, 1h33, N&B)

Une légende dit que le dernier mort de l'année guide pour un an la charrette portant les futurs défunts. Georges meurt au douzième coup de minuit et laisse son ami, David, alcoolique, qu'une religieuse tente de sauver… Nouvelle adaptation, très noire, d'un conte de Lagerlöf déjà filmé par Sjöström au temps du muet. Plongée dans l'imaginaire qui annonce le symbolisme des films historiques tournés pendant l'Occupation. Avec Louis Jouvet, Pierre Fresnay et Marie Belle.

SÉANCE UNIQUE !
Mercredi 20 avril à 18h30

 

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