Dans le parcours de Joseph Losey (1909 – 1984), le cinéma arrive tardivement, après une période de compagnonnage formateur auprès de Bertolt Brecht, alors exilé États-Unis, et où il se forge des opinions politiques fortes qui débouchent, au lendemain de la guerre, sur son adhésion au Parti Communiste.
À Hollywood, Losey enchaîne des films noirs, souvent engagés au service de l’antiracisme et de la tolérance, où se remarquent un sens déjà très sûr de l’écriture cinématographique : Haines (1950) et Le Rôdeur (1951) sont ainsi remarqués par la critique française, et notamment le cercle des « mac-mahoniens » (Pierre Rissient, Jacques Lourcelles, Bertrand Tavernier, etc.) qui font du cinéaste l’égal de Lang, Walsh et Preminger (le fameux « carré d’as »).
Mais déjà Losey, sommé de comparaître devant la Commission des activités antiaméricaines, a choisi l’exil. En Angleterre, son sens du polar social fait merveille (dans Temps sans pitié, 1957, ou L’Enquête de l’Inspecteur Morgan, 1959). Sa rencontre avec le dramaturge et scénariste Harold Pinter est décisive : The Servant (1963), Accident (1967), Le Messager (1971) mettent à jour des rapports sociaux délétères et permettent à Losey de complexifier sa mise en scène, volontiers qualifiée de baroque.
L’ultime partie de sa carrière en fait un cinéaste définitivement international enchaînant une réflexion kafkaïenne sur l’identité (Monsieur Klein, 1976) et sa vision du Don Giovanni (1979) de Mozart. Il a traversé le siècle, embrassé des idéologies dont il découvrira sur le tard les excès, sondé inlassablement l’âme humaine.
En écho à la rétrospective Joseph Losey proposée par la Cinémathèque française du 6 janvier au 7 février 2022.
SOIRÉE D’OUVERTURE JOSEPH LOSEY
Vendredi 21 janvier
Monsieur Klein de Joseph Losey (1976, 2h03)
Soirée présentée par Fabrice Calzettoni
LE CINÉMA DE JOSEPH LOSEY
Jeudi 3 février
18h30 Voyage à travers le cinéma de Joseph Losey par Fabrice Calzettoni (environ 1h30)
Cinq séquences présentées et commentées : Les Damnés, Accident, Cérémonie secrète, Deux hommes en fuite et Monsieur Klein
20h30 The Servant de Joseph Losey (1963, 1h55)
Présenté par Fabrice Calzettoni
M – LE REMAKE DE LANG PAR LOSEY
Jeudi 17 février
18h45 M le maudit de Fritz Lang (1931, 1h50)
21h M de Joseph Losey (1951, 1h28)
Pass deux films (Plein tarif 12€ - Tarif réduit 10€ - Tarif abonnés 7€)
JOSEPH LOSEY PAR MICHEL CIMENT
Mardi 22 février
En présence de Michel Ciment, critique, historien du cinéma et spécialiste de Joseph Losey
18h30 Conférence « L’Œil du maître », par Michel Ciment (environ 1h15)
À la pause, signature de ses livres Kazan, Losey. Entretiens avec Michel Ciment (Stock, 2009) et Joseph Losey – L’œil du maître (Institut Lumière / Actes Sud, 1994, édition épuisée, derniers exemplaires en vente en exclusivité à l’Institut Lumière !)
20h30 Accident de Joseph Losey (1967, 1h45)
Le Garçon aux cheveux verts de Joseph Losey Dans une petite ville du Wisconsin, un gamin orphelin découvre que ses cheveux sont mystérieusement devenus verts. La communauté le rejette... Parabole sur la différence et apologue pacifiste qui inquiéta son producteur Howard Hughes, le premier film de Joseph Losey est une fable lumineuse et bouleversante sur l’enfance blessée. Séances :
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Haines de Joseph Losey Dans une petite ville américaine, un journaliste défend un adolescent d’origine mexicaine, injustement soupçonné de meurtre. Les habitants se retournent contre lui… L’un des grands films méconnus de Losey, pourtant salué par les « mac-mahoniens » : une critique acérée de l’intolérance menant au fanatisme, et une juste défense des opprimés. SÉANCE UNIQUE ! |
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Le Rôdeur de Joseph Losey La machination criminelle d’un policier véreux pour conquérir une femme et sa fortune… Une magnifique synthèse entre l’ambiance classique du film noir et le regard critique de Losey sur les mensonges de la société américaine, frustration économique de l’homme, sexuelle de la femme. Une mise en scène d’une grande élégance. SÉANCE UNIQUE !
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M de Joseph Losey En Californie, un tueur d'enfants échappe à la police. Pour pouvoir continuer son activité criminelle, la pègre locale se lance à son tour à sa poursuite... Remake méconnu du chef-d’œuvre de Fritz Lang, que Bertrand Tavernier appelait à redécouvrir, voyant dans l’errance urbaine du tueur « un précurseur de tout un pan du cinéma moderne, de Wenders à Lino Brocka. » Séances :
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Temps sans pitié de Joseph Losey Pour innocenter son fils jugé coupable de meurtre et condamné à mort, un père a recours à un stratagème sophistiqué et terrifiant… Le premier film anglais que Joseph Losey, « blacklisté » comme communiste, a pu signer de son nom et qui le révéla à la critique française. Sa mise en scène baroque montre le malaise et la violence sous la surface policée du monde. Séances :
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Gipsy de Joseph Losey Au début du XIXe siècle, un aristocrate anglais ruiné épouse une gitane qui le croit riche… Premier film en costumes du cinéaste, dans des décors qui s’inspirent de l’illustrateur Thomas Rowaldson, anatomiste cruel de la société anglaise. Un mélodrame flamboyant porté par une prestation envoûtante de Melina Mercouri. Séances :
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L’Enquête de l’inspecteur Morgan de Joseph Losey Un jeune peintre est soupçonné du meurtre de sa maîtresse française. Scotland Yard enquête… Losey poursuit son observation critique de la société britannique, aux rapports de classe exacerbés. Première collaboration avec Stanley Baker, qui deviendra l’un des acteurs fétiches du cinéaste. Un solide polar sur la suspicion, porté par une belle partition jazzy. SÉANCE UNIQUE !
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Les Criminels de Joseph Losey À peine sorti de prison, Johnny Bannion commet un nouveau braquage, cache le butin et se fait arrêter. Ses complices veulent savoir où est l’argent… « J’ai essayé de montrer la vie en prison telle qu’elle était vraiment : la corruption des gardiens, les bandes et leurs guerres, l’incroyable brutalité. » Un film noir brillamment interprété par Stanley Baker. Séances :
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Eva de Joseph Losey Un romancier à succès (Stanley Baker), porteur d’un lourd secret, rencontre à Venise une femme libre (Jeanne Moreau), qui l’envoûte… D’après James Hadley Chase, l’un des films légendaires de Losey, hélas remonté par ses producteurs, les frères Hakim. Dans de magnifiques décors vénitiens, Losey compose un requiem sur le couple. Vénéneux. Séances :
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Les Damnés de Joseph Losey Dans une petite ville anglaise de bord de mer, un touriste américain met au jour d’étranges expériences menées sur des enfants dans un centre de recherche nucléaire… Une fable de science-fiction, produite par la Hammer, qui dénonce à la fois la violence ordinaire du monde moderne et l’usage de l’atome. Mise en scène énergique en CinemaScope. Séances :
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The Servant de Joseph Losey Un jeune aristocrate londonien tombe peu à peu sous la coupe de son valet, qui le manipule… Un chef-d’œuvre et le début d’une fructueuse collaboration entre Losey et l’écrivain Harold Pinter. Dirk Bogarde est magistral en serviteur qui peu à peu prend le pouvoir sur son maître. La mise en scène accentue l’étrangeté et l’atmosphère de décadence. Séances :
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Accident de Joseph Losey Un professeur d’Oxford tombe amoureux d’une de ses étudiantes, également convoitée par deux autres hommes… Ce cruel rectangle amoureux est la deuxième collaboration entre Joseph Losey et Harold Pinter. Ils observent en entomologistes pervers les clivages sociaux et sexuels de la haute société britannique. Dirk Bogarde est parfait. Séances :
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Cérémonie secrète de Joseph Losey Leonora, une prostituée, se rend sur la tombe de sa fille. Elle est suivie par une jeune femme qui croit voir en elle sa mère décédée. Leonora se prend au jeu… La « Losey’s touch » à son paroxysme : huis-clos dans une demeure victorienne, pleine de lourds secrets et de rituels sexuels étranges, qui flirte avec le conte gothique. Et la grande Elizabeth Taylor ! Séances :
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Deux hommes en fuite de Joseph Losey Dans un pays indéterminé, deux évadés, menottes aux mains, fuient à travers des paysages escarpés, sous la menace constante d’un hélicoptère qui les traque… Un vrai film d’action, à la fois western minimaliste et parabole politique, proposé à Losey par l’un de ses interprètes, ici également scénariste, Robert Shaw. Suspense maîtrisé et puissance plastique des décors. Séances :
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Le Messager de Joseph Losey Devenu vieux, Leo se souvient de l’été de ses 13 ans quand, invité chez un riche camarade, il servit de messager clandestin entre la sœur de son ami et un métayer, qui vivaient un amour interdit… Scénario d’Harold Pinter qui dénonce le mépris de classe et l’aliénation des femmes cachés sous la beauté du monde (et de Julie Christie). Palme d’Or au Festival de Cannes 1971. Séances :
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Maison de poupée de Joseph Losey Il y a des années, Nora, épouse soumise, s’est secrètement endettée pour payer les soins de son mari, malade. Un jour, le créancier menace de tout révéler… D’après la pièce féministe d’Ibsen, la désagrégation d’une cellule familiale, dont l’héroïne finit par gagner son indépendance (et, par extension, celle de toutes les femmes). Un film rare. Séances :
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Une Anglaise romantique de Joseph Losey Liaisons dangereuses entre un écrivain anglais, son épouse et un jeune homme qu’elle a rencontré (et peut-être aimé) dans une station thermale… Sur un scénario de Tom Stoppard, Losey montre « la situation domestique impossible dans laquelle une vie bourgeoise enferme les gens. » Magnifique trio composé de Glenda Jackson, Michel Caine et Helmut Berger. Séances :
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Monsieur Klein de Joseph Losey 1942. Le marchand d’art alsacien Robert Klein profite des lois antijuives pour s’enrichir. Un jour, il découvre qu’on essaye de le faire passer pour un homonyme qui, lui, est juif… Onirique et kafkaïen, le film dépasse son sujet historique glaçant pour interroger les mécanismes de toutes les dictatures. Un chef-d’œuvre brillamment interprété par Alain Delon qui obtint trois César. Séances :
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Don Giovanni de Joseph Losey Les frasques de Don Giovanni, séducteur et libertin, interrompues par le châtiment : le fantôme du commandeur, revenu se venger… Le premier « film-opéra » désiré et produit par Daniel Toscan du Plantier : Losey transpose le chef-d’œuvre de Mozart dans les magnifiques villas palladiennes de Vénétie, et s’appuie sur le charisme du baryton-basse Ruggero Raimondi. Séances :
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La Truite de Joseph Losey Une jeune femme ambitieuse utilise le sexe pour se jouer des hommes, s’élever dans la société et mettre au jour la débauche qui y règne… Adaptation d’un roman de Roger Vailland dont Losey rêvait depuis longtemps et qui dénonce les rapports de force des sociétés modernes. « Isabelle Huppert donne corps à l’idée d’arrivisme », écrit à l’époque Hervé Guibert dans Le Monde. Séances :
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Remerciements à Les Acacias, Artédis, Carlotta Films, Cinematek (Belgique), la Cinémathèque française, Gaumont, Impex Distribution, Park Circus, Splendor, Tamasa.
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