Depuis le début des années 1960, de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne marqués par les luttes pour l’indépendance comme le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal ont considérablement développé leur production cinématographique, avec des infrastructures et moyens restreints, mais une inventivité certaine. Ces films sont autant de symboles de réappropriation d’un territoire, une affirmation de cultures autant qu’une parole éducative.
Bien que ces œuvres, belles, atypiques dans la production mondiale et historiquement capitales, aient donné naissance à de grands auteurs (Ousmane Sembène, Djibril Diop Mambéty ou Souleymane Cissé), les films, eux, n’ont pas toujours trouvé le chemin des salles obscures françaises.
Ces filmographies ont d’ailleurs été peu visitées par l’Institut Lumière dans son travail de programmation, le difficile accès aux archives compromettait un projet de rétrospective. Aujourd’hui, une dynamique de restauration existe grâce aux ayants droit et au travail fondamental de structures comme la Cinémathèque Afrique ou la Film Foundation – World Cinema Project via The African Film Heritage Project conçu conjointement avec la FEPACI (Fédération Panafricaine des cinéastes).
Un voyage non exhaustif sur trois décennies de cinéma pour célébrer la pluralité des pays, des cultures, des langues, des formes et courants stylistiques et les travaux de restauration de ces pépites trop peu montrées.
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Remerciements à Arsenal Berlin, Carlotta Films, Ciné archives (fonds audiovisuel du PCF et du mouvement ouvrier), la Cinémathèque Afrique, Cineteca di Bologna, Diaphana Distribution, Éditions René Chateau, Film Foundation, Les Films du Losange, la Fondation Henri Duparc, l’INA, Pathé, Splendor Films, La Traverse, et aux ayants droit des films.
Ouverture – Conférence sur les cinémas d’Afrique
Jeudi 2 mai à 18h30
En présence de Claire Diao, distributrice, critique de cinéma, programmatrice, spécialiste des cinémas d’Afrique
18h30 Conférence « Du cinéma africain aux cinémas d’Afrique » (env. 1h15)
Achat des places
20h30 Touki-Bouki (D. Diop Mambéty, 1h25)
Achat des places
Mardi 7 mai à 18h30
Présenté par Flavien Poncet
Classique du cinéma sénégalais
Le Mandat d’Ousmane Sembène (1968, 1h30)
Présenté par Flavien Poncet
Achat des places
Mercredi 15 mai et mardi 21 mai à 18h
Documentaire à la Villa Lumière
Caméra d’Afrique (20 ans de cinéma africain) de Férid Boughedir (1983, 1h30)
Achat des places 15/05
Achat des places 21/05
La Noire de… À Dakar, Diouana, une jeune Sénégalaise, est embauchée comme gouvernante par une famille de Blancs. Quand elle accepte de la suivre en France, son travail change… Un film fondateur, qui valut à Ousmane Sembène (1923–2007) le prix Jean Vigo. Une dénonciation du racisme et du néocolonialisme, qui mêle habilement discours politique et effets poétiques. |
Le Mandat Les pérégrinations complexes d’un Sénégalais pour toucher le mandat que son neveu lui a envoyé de France : méandres de l’administration, rapacité des proches… Sembène adapte son propre roman, fable cruelle et drolatique sur les séquelles de la colonisation et la montée des inégalités dans le Sénégal indépendant. Le premier long métrage tourné en langue wolof. |
Soleil Ô Plein d’espoir, un Africain arrive au pays de « ses ancêtres les Gaulois » et découvre peu à peu le traitement que réserve la France à ses travailleurs immigrés… Sans manichéisme, le cinéaste franco-mauritanien Med Hondo (1937-2019) livre une satire pleine de fureur, d’humour et d’imagination du racisme ordinaire. Avec le grand acteur antillais Robert Liensol. |
La Femme au couteau De retour d’Europe, un jeune Ivoirien est assailli de cauchemars qui troublent sa libido : parmi eux, revient une femme menaçante armée d’un couteau… Unique long métrage d’un pionnier de la télévision ivoirienne. « Une fable sur le continent africain : l’Afrique, abandonnée par ses enfants, y est représentée comme une marâtre vengeresse et possessive. » (Positif) |
Touki-Bouki Mory, le jeune berger qui a décoré sa moto d’un crâne de zébu, et Anta, l’étudiante, s’aiment et rêvent d’aller à Paris… Mêlant regard ethnographique et saynètes tirant vers le burlesque, le Sénégalais Djibril Diop Mambety (1945-1998) signe une œuvre unique, tonique et jouissive, qui dit l’insolence joyeuse mais aussi l’aliénation de la jeunesse sénégalaise. Une merveille ! |
Sambizanga Angola 1961. Domingos Xavier, un militant révolutionnaire angolais, est arrêté par la police secrète portugaise. Emmené en prison à Sambizanga, il est interrogé, puis torturé. Sa femme part à sa recherche… Les débuts d’une lutte pour l’indépendance en Angola, filmés avec force par Sarah Maldoror (1929-2020), figure majeure du cinéma d’Afrique, basé sur un événement réel. |
Muna Moto/L’Enfant de l’autre Ngando et Ndomé s’aiment. Pour épouser Ndomé, Ngando doit s’acquitter de la dot. Orphelin, il fait appel à son oncle qui, déjà marié à trois femmes stériles, décide alors d’épouser lui-même la jeune fille… Une tragédie poétique sur l’amour de deux jeunes brisés par les abus de pouvoir des aînés. Un classique salué par la critique pour son esthétique remarquable et sa justesse de ton. |
Lettre paysanne La vie immuable d’un petit village du Sénégal où l’on cultive l’arachide sans parvenir à échapper à la pauvreté. Le jeune Ngor part pour la ville chercher du travail… Premier long métrage tourné par une femme de l’Afrique subsaharienne. Safi Faye (1943-2023), initiée au cinéma par Jean Rouch, regarde avec précision l’exploitation postcoloniale du travail des paysans. |
La Chapelle Dans l’Afrique des années 1930, les luttes de pouvoir entre un missionnaire qui demande aux villageois de bâtir une chapelle, un jeune maître aux idées progressistes et le sorcier guérisseur… Premier film tourné au Congo après l’indépendance, où Jean-Michel Tchissoukou (1942-1987) montre avec humour et lucidité les mécanismes de l’oppression coloniale. |
Visages de femmes Trois portraits de femmes ivoiriennes : l’une cherche à conquérir sa liberté amoureuse, l’autre apprend à se défendre des hommes et la troisième est une énergique cheffe d’entreprise… De la brousse à la ville, Désiré Ecaré (1939-2008) s’interroge sur le sort des femmes africaines et tourne l’une des premières scènes ouvertement érotiques du cinéma subsaharien. |
Yeelen/La Lumière Dans une Afrique mythologique, la longue initiation du jeune Nianankoro, qui doit affronter la colère de son père… « Il est temps de montrer notre continent avec dignité et noblesse. Notre culture n’a rien à envier à celle des autres », dit le cinéaste malien (né en 1940) décrivant avec une puissance tragique un rituel bambara. Prix du jury à Cannes. |
Zan Boko Proche de la ville, le village traditionnel de Tinga reçoit la visite de géomètres : l’espace urbain et la vie moderne s’étendent inexorablement. Tinga refuse pourtant de vendre sa terre… Un grand film politique sur la disparition d’un mode de vie, qui interroge le rôle de la presse et de la censure. |
Tabataba Dans un village à Madagascar, un Malgache de la ville apporte des idées indépendantistes. Il ne pourra rien sans le soutien de tous… Premier long métrage du cinéaste dans lequel il fait jouer les habitants d’un village des vallées de l’est de Madagascar. Un récit intime et authentique sur l’insurrection malgache de 1947 contre le régime colonial. |
Yaaba Au nord du pays, le jeune Bila et son amie Nopoko rencontrent une vieille femme exclue du village. Les péripéties qu’ils vont vivre ensemble se transforment pour Bila en initiation… Une magnifique fable, d’autant plus universelle qu’elle est locale, restituée avec émerveillement par le plus célèbre des cinéastes burkinabés, Idrissa Ouedraogo (1954-2018). |
Bal poussière Dans un village ivoirien, un riche planteur d’ananas, Demi-Dieu, déjà marié à cinq femmes, tombe fou d’amour de la jeune Binta, venue de la ville. Celle-ci a plus d’un tour dans son sac… Une truculente et savoureuse comédie africaine dans laquelle Henri Duparc (1941-2006), maître du genre, brocarde l’arrogance masculine et la polygamie. |
Documentaire |
Caméra d’Afrique (20 ans de cinéma africain) Après plus d’un demi-siècle de cinéma colonial, des Africains devenus indépendants s’emparent de cette caméra longtemps interdite. Ils essayent de dire les réalités de l’Afrique dans sa multiplicité et diversité… Fruit d’un tournage sur dix ans, les premières années de ces nouveaux « cinémas d’auteur » nés en Afrique subsaharienne. |
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