Chouchou de la critique française, immense réalisateur de westerns – mais pas seulement – Anthony Mann (1906–1967) débute comme acteur de théâtre. Il rejoint ensuite Hollywood, d’abord comme directeur de casting, puis comme assistant, notamment de Preston Sturges, qui lui apprend les rudiments de la mise en scène. Après quelques titres mineurs, il impose son style dans une série de polars annonciateurs du film noir, tous empreints d’une énergie, d’une tension et d’un sens du détail absolument remarquables.
À la demande de James Stewart, il réalise en 1950 Winchester ’73, la première de ses huit collaborations avec le comédien. Ce dernier va composer pour Mann une série de héros torturés, obsédés et révulsés par la violence, qui vont donner d’inoubliables classiques comme Les Affameurs (1952), L’Appât (1953) ou Je suis un aventurier (1954).
Dans ses films, la folie des hommes contraste avec la beauté de la nature, magnifiée par le Technicolor. Toujours inscrites dans l’histoire de l’Ouest, ses œuvres témoignent d’une intelligence et d’une maturité rares. « Pour moi, le western est le plus grand des genres, disait Anthony Mann. Avec lui, on peut aisément mettre en scène les passions et la violence. De lui, surtout, naît la légende, et c’est la légende qui donne le meilleur cinéma. Grâce à lui, vous possédez les plaines, le vent, le ciel, les endroits où vous n’êtes jamais allé. Et puis, il libère tout ce que les personnages ont au fond d’eux-mêmes. Ils redeviennent proches des Grecs. Il y a en eux de l’Œdipe ou de l’Antigone. » Avant sa mort prématurée, il signe deux superproductions typiques de l’époque : Le Cid (1961) et La Chute de l’Empire romain (1964).
Une rétrospective en collaboration avec la Cinémathèque française, qui présente une intégrale du 20 mars au 14 avril.
Remerciements à Argos Films, la Cinémathèque française, la Film Foundation, Paramount Pictures, Park Circus, Sony Pictures, Studiocanal, Tamasa, Universal Pictures, Warner Bros.
SOIRÉE d'ouverture
Séance présentée par Maelle Arnaud
Jeudi 4 avril à 19h
La Brigade du suicide d’Anthony Mann (1947, 1h32)
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CONFÉRENCE SUR ANTHONY MANN
Mardi 16 avril
En présence de Jacques Demange, enseignant à l’Université et collaborateur pour la revue Positif
18h30 Conférence « Anthony Mann. Une traversée en diagonale(s) » (env. 1h15)
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20h30 La Porte du diable d’Anthony Mann (1950, 1h24)
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UN WESTERN EN VF
Samedi 27 avril à 17h30
Parce que nombre de spectateurs ont découvert les westerns à la télévision, alors programmés en version doublée, séance du film en VF !
Avec les célèbres voix des comédiens de doublage Roland Ménard pour Glenn Ford (aussi voix de Mastroianni pour La dolce vita), Martine Sarcey pour Maria Shell (aussi voix de Samantha dans Ma sorcière bien-aimée ou d’Audrey Hepburn), Roger Carel pour Arthur O’Connell..
La Ruée vers l’Ouest (1960, 2h27)
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VOYAGE À TRAVERS LE CINÉMA D'ANTHONY MANN
Jeudi 16 mai
Séances présentées par Fabrice Calzettoni
18h30 Cinq séquences commentées : Le Livre noir (1949), Les Affameurs (1952), L’Appât (1953), L’Homme de la plaine (1955), La Chute de l’Empire romain (1964) (env. 1h)
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20h La Charge des tuniques bleues (1955, 1h38)
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FILM NOIR Meurtre dans un music-hall de Mexico : le grand Flamarion, célèbre pour son numéro de tir au pistolet, raconte en flash-back la genèse de la tragédie… Drame passionnel méconnu d’Anthony Mann, porté par l’interprétation d’Eric Von Stroheim, arrogant puis brisé. Pierre Rissient : « Un film discret et pudique, fiévreux, coupant et remarquablement mis en scène. » |
FILM NOIR Deux agents secrets du Trésor américain doivent infiltrer, malgré le danger, un gang de faux-monnayeurs. Ils changent d’identité… Grâce à la photo néo-expressionniste signée John Alton, transformation du polar documentaire d’après-guerre en passionnant film noir à la dimension poétique et tragique. Pour Mann, il s’agissait de son « vrai » premier film, dont il avait supervisé toutes les étapes. |
FILM NOIR En cavale après son évasion, un gangster doit retrouver le mafieux qui l’a trahi. À ses côtés, sa compagne et une assistante sociale qu’ils ont kidnappée… Efficacité, intensité, rapidité : une magistrale leçon de film noir, avec de sidérants accès de violence, comme quand Raymond Burr jette ses crêpes flambées au visage de sa petite amie… |
FILM HISTORIQUE Charles d’Aubigny est chargé par Lafayette de stopper Robespierre sur la voie de la dictature et de récupérer le livre noir contenant la liste des ennemis de la révolution… Une merveille de polar historique traité comme un film noir grâce à la photo de John Alton et les décors ingénieux de William Cameron Menzies. La Terreur comme vous ne l’avez jamais vue ! |
FILM NOIR En dérobant sans le savoir l’argent provenant d’un chantage, Joe (Farley Granger), modeste père de famille, est pris dans un engrenage criminel… Le dernier film noir du cinéaste, à l’action tendue. Avec un budget minimal, Mann signe une remarquable poursuite dans New York, tournée en décors réels, et de savoureuses scènes de bar. |
WESTERN À Dodge City, Wyatt Earp départage deux adversaires à un concours de tir dont le 1er prix est une carabine d’exception. Mais l’affrontement entre les deux hommes n’est pas terminé… Première des huit collaborations entre le cinéaste et James Stewart, autour de l’attraction et des ravages de la violence. Dialogues savoureux de Borden Chase. Un très grand western. |
WESTERN De retour de la guerre de Sécession, où il a été décoré, Lance Pool (Robert Taylor) découvre qu’en tant qu’Indien, il ne peut posséder les terres qu’il occupe depuis des années. Justement des éleveurs de moutons les convoitent… Western pro-indien très amer dont le héros découvre que la démocratie américaine n’est pas pour tout le monde. Magnifique dénouement, forcément tragique. Mardi 16 avril à 20h30 présenté par Jacques Demange |
POLAR Dans le train de nuit entre New York et Washington, le policier John Kennedy (Dick Powell) tente de déjouer un complot contre Abraham Lincoln sur le point d’être intronisé président… Passionnant polar en forme de huis clos ferroviaire où se joue l’avenir des États-Unis. Un grand sens du rythme, et aussi une savoureuse composition d’Adolphe Menjou. |
WESTERN Un ancien bandit guide une caravane de pionniers vers les terres fertiles de l’Oregon. Une attaque indienne puis une ruée vers l’or compliquent leurs plans… Magnifique et émouvante fable dont le héros, comme souvent chez Mann, cherche une nouvelle vie, ici au sein d’une communauté presque utopique. Suspense et dilemme moral pour James Stewart, un vrai chic type. |
WESTERN Épaulé par un chercheur d’or et un militaire démobilisé, un chasseur de primes convoie un tueur à travers l’ouest sauvage. Tentative d’évasion, dispute autour de la prime, la tension monte… À nouveau hanté par son passé, James Stewart tente de justifier sa soif de violence. Face à lui, Robert Ryan en « outlaw » ricanant et Janet Leigh en amoureuse troublée font merveille. Un western épuré au suspense magistral. |
FILM D'AVENTURE Un ingénieur visionnaire (James Stewart) veut construire une plate-forme pétrolière au large de la Louisiane. Il s’oppose aux pittoresques pêcheurs locaux, hostiles au projet… À nouveau, un héros solitaire vient déchaîner les passions au sein d’une communauté. Belle scène de tempête et le charme de Joanne Dru, partagée entre la fidélité aux siens et le nouvel arrivant. |
BIOPIC MUSICAL Au milieu des années vingt, Glenn Miller (James Stewart) se lance dans la musique avec l’espoir de trouver un style bien à lui. Après un premier échec, il persévère avec son grand orchestre… Biographie d’un musicien de jazz légendaire, qui incarna une époque, mais aussi portrait de l’artiste en explorateur infatigable de son art. Avec une pléiade de tubes dont Moonlight Serenade. |
WESTERN Jeff Webster (James Stewart) cherche à vendre son bétail aux chercheurs d’or d’Alaska, las du ragoût d’ours. Mais il a face à lui un juge tout sauf intègre et une affairiste dénuée de scrupules… Dans de magnifiques paysages enneigés, Mann restitue la folie de la ruée vers l’or, et raconte la transformation d’un homme solitaire finissant par se rallier au bien commun. Magistral. |
WESTERN Sous prétexte de faire commerce, un ancien officier de la cavalerie (James Stewart) enquête sur un trafic d’armes destinées aux Indiens. Il découvre l’influence du patriarche qui dirige en sous-main la ville de Coronado… Dernière collaboration du cinéaste avec son acteur fétiche, sur des thématiques désormais bien rodées. |
WESTERN Dans l’Ouest encore sauvage, la présence des tuniques bleues avive la colère des Indiens, menaçant le travail pacifique des trappeurs. L’un d’entre eux s’oppose à un officier belliciste… Victor Mature en « bon sauvage » en guerre contre les ravages de la civilisation. Un western rousseauiste avec tous les ingrédients du genre et surtout une nature flamboyante. Jeudi 16 mai à 20h présenté par Fabrice Calzettoni |
WESTERN Un ancien shérif devenu chasseur de primes (Henry Fonda) accepte d’aider un jeune représentant de la loi (Anthony Perkins) dans son combat contre l’homme qui terrorise la ville… Beau western d’apprentissage, brillamment interprété où, tragédie classique chez Mann, le héros qui vit de la violence doit aider à l’avènement d’une société paisible qui signera sa propre fin. |
WESTERN Un hors-la-loi repenti retrouve involontairement la bande qu’il a quittée et feint d’être leur complice pour sauver une jolie chanteuse… Sur un thème cher au cinéaste, Gary Cooper affronte un génial Lee J. Cobb, sous les yeux de Julie London, pour pouvoir définitivement changer de vie. Le combat sera intense et spectaculaire. Dimanche 28 avril à 18h15 |
WESTERN Perdant de la ruée vers les terres indiennes d’Oklahoma, un cow-boy (Glenn Ford) prend la direction du journal local pour défendre les opprimés… Transition délicate entre le western classique et les superproductions à venir (Mann perdit le contrôle du montage), cette épopée progressiste pour écran large culmine dans la spectaculaire course de chariots de 1889. Film présenté en VF avec les célèbres voix des comédiens de doublage Roland Ménard pour Glenn Ford (aussi voix de Mastroianni pour La dolce vita), Martine Sarcey pour Maria Shell (aussi voix de Samantha dans Ma sorcière bien-aimée ou d’Audrey Hepburn), Roger Carel pour Arthur O’Connell... |
PÉPLUM Dans l’Espagne du XIe siècle, Rodrigue Diaz de Vivar, dit le Cid (Charlton Heston) devient un héros en combattant l’invasion maure. Gagnera-t-il l’amour de Chimène (Sophia Loren) ?… Scènes de batailles ultra spectaculaires, réflexion coutumière sur individualisme et altruisme. Martin Scorsese : « La transformation d’un homme ordinaire en légende devient une expérience quasi mystique. » |
PÉPLUM Alors que le règne du sage Marc-Aurèle a été juste et mesuré, la prise du pouvoir par son sanguinaire fils Commode ébranle sérieusement la « pax romana ». L’Empire commence à vaciller… Après le succès du Cid, le producteur Samuel Bronston commande à Mann ce péplum ambitieux sur les intrigues qui déchirent Rome. Des scènes spectaculaires et le duo Stephen Boyd/Sophia Loren. |
FILM DE GUERRE Un chef de la résistance norvégienne (Richard Harris) entraîne un scientifique (Kirk Douglas) dans une mission périlleuse : le sabotage d’une usine d’eau lourde qui pourrait donner au troisième Reich l’accès à la bombe atomique… Le dernier film d’Anthony Mann oppose une fois de plus une nature flamboyante à la malfaisance des hommes. Un passionnant film de guerre. |
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