Classiques du cinéma polonais

Du 18 décembre 2025 au 27 janvier 2026

Ce qui me touche particulièrement dans le cinéma polonais, c'est le mélange de passion, de savoir-faire méticuleux, de compositions dynamiques à grande profondeur de champ, de dilemmes moraux et de conflits religieux, souvent traités avec un sens de l'humour très aigu.” Martin Scorsese résume toute la richesse et la profondeur d’une production cinématographique marquée par l’histoire et les bouleversements du XXe siècle.

Massivement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, l’industrie cinématographique polonaise renaît à la fin des années 1940, avant d’être presque aussitôt entravée par la censure du régime stalinien imposant le “réalisme socialiste”. Des cinéastes se distinguent néanmoins par leur réalisation, dont Wanda Jakubowska, qui tourne le premier film sur Auschwitz-Birkenau, ou encore Aleksander Ford, futur chef de file d’une cinématographie en devenir. Car c’est après le dégel culturel de 1956 que le cinéma polonais connait un véritable renouveau, favorisé par la ferveur et la créativité de jeunes metteurs en scène de talent : Jerzy Kawalerowicz, Andrzej Munk, Wojciech Has ou encore Andrzej Wajda. Cette “école polonaise” au regard moderne et engagé, bouscule les codes du cinéma, anticipant même de quelques années les nouvelles vagues européennes. De nombreux films polonais déferlent dès lors dans les festivals internationaux, largement récompensés et remarqués, ils confirment encore la place du cinéma polonais dans la cinématographie mondiale. 

Au tournant des années 1970-1980, la relève, menée par Andrzej Wajda : Agnieszka Holland, Krzysztof Kieslowski, Krzysztof Zanussi, Barbara Sass, etc., sonde encore la politique et la société prolongeant l’histoire du cinéma polonais, dont la vivacité perdure aujourd’hui.

À noter : le célébration du cinéma polonais se poursuivra en 2026 avec un hommage à Krzysztof Kieslowski à l’occasion des 30 ans de sa disparition.

Remerciements au Polish Film Institute, à Di Factory (Pologne), à WFDiF (Documentary & Feature Film Studio), à FINA (National Filmoteque), au Consulat général de Pologne à Lyon, à Malavida, à Carlotta Films.

Les films de la rétrospective

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The Call of the Sea

de Henryk Szaro 
(Zew Morza, 1927, 1h59, N&B teinté) – film muet

Un fils de meunier s’engage dans la marine où il se fait un ennemi. De retour dans son village après plusieurs années et désormais fiancé, il retrouve son amie d’enfance devenue une belle jeune femme… Par l’un des plus grands réalisateurs polonais du cinéma muet, un mélodrame passionnant et mouvementé, teinté de suspense, le premier en décor maritime.
 

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La Dernière étape

de Wanda Jakubowska 
(Ostatni etap, 1948, 1h51, N&B)

Déportée à Auschwitz, Marta Weiss devient interprète pour les autorités du camp. Elle intègre un réseau de résistance… Tourné à Auschwitz-Birkenau où la réalisatrice fut déportée et emprisonnée deux ans. Une œuvre-clé du cinéma polonais, le premier témoignage sur une réalité insoutenable, d’une rare puissance.
 


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Le Huitième jour de la semaine

d’Aleksander Ford 
(Osmy dzien tygodnia, 1958, 1h23, N&B) 

Piotr (Zbigniew Cybulski) et Agnieszka s’aiment. Ils veulent passer leur première nuit ensemble. Ils errent dans Varsovie cherchant désespérément un logis pour abriter leur amour… Un drame réaliste montrant une Pologne misérable, mais où l’amour des jeunes gens fait naître une lueur d’espoir. Superbe. 
 

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Eva veut dormir

de Tadeusz Chmelelewski 
(Ewa chce spac, 1958, 1h35, N&B)

La jeune Ewa arrive de sa campagne et, à la recherche d’un endroit où dormir, elle découvre les vicissitudes de la grande ville : criminels, voleurs, prostitués, et policiers… Une comédie policière charmante et légère, pour une nuit pleine de rebondissements !
 


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Cendres et diamant

d’Andrzej Wajda 
(Popiol i diament, 1958, 1h37, N&B)

En 1945, tandis que la guerre prend fin, la Pologne est déchirée par les luttes opposant partisans des Allemands et des Soviétiques. Deux étudiants sont chargés d’abattre un dirigeant communiste… Le portrait d’une jeunesse sacrifiée, abîmée par les conflits. L’un des films préférés de Scorsese, avec la star du cinéma polonais, Zbigniew Cybulski.
 

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Les Voies maudites

de Czeslaw Petelski 
(Baza ludzi umarlych, 1959, 1h44, N&B)

Dans la forêt de Bieszczady, en plein hiver, un groupe de marginaux travaille dans de terribles conditions… D’après l’œuvre de Marek Hlasko, un film remarquable à la réalisation précise, mêlant subtilement les thèmes du réalisme social avec les codes du western et du film noir.
 


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Train de nuit

de Jerzy Kawalerowicz
(Pociag, 1959, 1h39, N&B)

Dans un train de nuit, alors qu’il l’a réservé pour lui tout seul, un homme est contraint de partager son compartiment avec une jeune femme. Durant le trajet, la police monte à bord à la recherche d’un meurtrier… Au croisement de la Nouvelle Vague et du film noir, superbement mis en scène, un voyage au parfum de mystère et de romance. 
 

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Certificat de naissance

de Stanislaw Rozewicz 
(Swiadectwo urodzenia, 1961, 1h39, N&B)

L’invasion allemande en Pologne à travers le regard de trois enfants cherchant à survivre… Le drame de la guerre vu à hauteur d’enfants. Un film magnifique rappelant Jeux interdits de René Clément. Bouleversant.
 


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Le Couteau dans l’eau

de Roman Polanski 
(Noz w wodzie, 1962, 1h34, N&B)

Un couple fait la rencontre d’un jeune homme et l’invite à bord de son yacht. La différence sociale entre eux va rapidement provoquer quelques frictions… Grand Prix de la critique à la Mostra de Venise, ce premier film, coécrit avec Jerzy Skolimowski, porte l’énergie débordante d’une jeunesse qui refuse de se conformer à la norme.
 

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La Passagère

d’Andrzej Munk et Witold Lesiewicz
(Pasazerka, 1963, 1h02, N&B)

Lors d’un voyage transatlantique, Liza reconnaît une déportée d’Auschwitz qu’elle croyait morte. Elle doit alors avouer un terrible secret à son mari… Un film puissant sur la responsabilité. Le tournage interrompu par la mort soudaine du réalisateur est achevé deux ans plus tard. Une pépite.
 


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Salto

de Tadeusz Konwicki 
(1965, 1h44, N&B)

Un homme mystérieux (Zbigniew Cybulski) saute d’un train en marche, se rend dans une petite ville et va à la rencontre de ses étranges habitants… Une intrigue labyrinthique. Allégorie poétique de la Pologne d’après-guerre. Inclassable.
 

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Jowita

de Janusz Morgenstern 
(1967, 1h31, N&B)

Marek (Daniel Olbrychski), un jeune athlète prometteur et séducteur invétéré, tombe sous le charme d’une mystérieuse jeune femme dissimulée derrière un masque lors d’une fête déguisée. Lorsqu’elle disparaît, il cherche à la retrouver… Une sublime photographie et une mise en scène épurée. La poursuite d’une passion foudroyante, entre fantasme et réalité. 
 


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La Troisième partie de la nuit

d’Andrzej Zulawski 
(Trzecia czesc nocy, 1971, 1h47, coul.)

Cracovie, 1940. Michal, dont la femme et la fille ont été tuées sous ses yeux par les Allemands, s’engage dans la résistance. Poursuivi, il se réfugie chez Martha, qui ressemble étrangement à sa femme, et dont le mari vient d’être arrêté... Premier film de Zulawski, à l’ambiance fiévreuse. Vision hallucinée et apocalyptique de la Pologne occupée.
 

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La Clepsydre

de Wojciech Jerzy Has 
(Sanatorium pod Klepsydra, 1973, 2h04, coul.)

Jozef rend visite à son père dans un sanatorium à l’allure d’un lugubre palais où le temps a été comme retardé. S’aventurant dans la demeure, Jozef voit apparaître son double… D’après la nouvelle de Bruno Schulz, assassiné en 1942 par les SS. Un voyage labyrinthique, entre visions oniriques et cauchemardesques. Prix du jury à Cannes.
 


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Acteurs provinciaux

d’Agnieszka Holland 
(Aktorzy prowincjonalni, 1979, 1h48, coul.)

Anna et Krzysztof, un couple d’acteurs, sont peu satisfaits de leur quotidien dans une petite ville de province. L’arrivée d’un metteur en scène venu de la capitale fait naître tous les espoirs… Premier long métrage de la réalisatrice sur l’érosion du métier et de l’amour. Prix de la critique à Cannes. 
 

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La Constante

de Krzysztof Zanussi
(Constans, 1980, 1h27, coul.)

Alors qu’il est confronté à la maladie de sa mère, Witold, un jeune homme honnête et droit, découvre que son patron est corrompu. Las des mesquineries du monde moderne, il souhaite réaliser son rêve : gravir l’Himalaya… Prix du Jury à Cannes. Un film d’initiation qui, au-delà de la critique sociale, questionne les compromissions morales et les désillusions.
 


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Haut les mains

de Jerzy Skolimowski 
(Rece do gory, 1967-1981, 1h20, N&B et coul.)

Cinq jeunes gens se retrouvent à bord d’un train de marchandises dix ans après la fin de leurs études de médecine… Une critique ouverte du régime communiste, véritable satire sociale. Interdit en 1967, le film fut finalement présenté dans une version remontée et enrichie d’un prologue et d’un épilogue en couleur quatorze ans plus tard.
 

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Scream

de Barbara Sass 
(Krzyk, 1983, 1h32, coul.)

Une jeune femme (Dorota Stalinska) qui cherche à s’extraire d’une condition précaire trouve un emploi dans une maison de retraite et tente de reprendre le contrôle de sa vie… Le portrait d’une femme brûlée par la vie dont le désespoir résonne avec le milieu hostile dans lequel elle évolue. Un cri puissant par l’une des plus importantes réalisatrices polonaises.