Une vue pour Photorama, prise à Dinard en 1901
Vue en coupe de la salle du Photorama Lumière |
Le 29 décembre 1900, Louis Lumière dépose le brevet du Photorama.
Il s’agit d’un procédé de photographie panoramique permettant la reproduction complète de l’horizon, soit 360°, sur un seul cliché, et surtout la projection intégrale de ce cliché sur un écran cylindrique.
Le Photorama Lumière avait pour but d’être l’aboutissement photographique du panorama, une création du peintre irlandais Robert Barker (1739-1806). Barker fit breveter en 1787 un dispositif qu’il nomme « La nature d’un coup d’œil » : les spectateurs sont placés sur une estrade et se trouvent au cœur d’un paysage ou d’un champ de bataille, peint en trompe-l’œil sur une toile tendue sur tout le pourtour de la salle en rotonde.
S’ensuivit une véritable vogue qui vit s’ouvrir un peu partout en Europe de nombreuses rotondes et autres panoramas et qui perdura jusqu’au début du XXe siècle, Dès l’avènement de la photographie, diverses techniques pour élargir le champ de prise de vue des appareils ou de juxtaposition de plusieurs clichés furent utilisés.
Divers procédés panoramiques avaient précédé cette invention, permettant d’obtenir des images couvrant jusqu’à 180°, mais très peu, comme celui de Damoizeau en 1891, permettaient la prise de vue d’un panorama complet. Des essais de projection « totale » présentés par exemple lors de l’Exposition de Chicago ne donnaient que des résultats imparfaits.
Mais le système Lumière est le premier à permettre à la fois la prise de vue et la projection parfaite et sans aberrations d’un tour d’horizon, et ce dans des proportions gigantesques puisque l’image projetée mesurait plus de 6 m de hauteur.
Les prises de vues étaient réalisée avec le Périphote et la projection avec le Photorama dont l’unique exemplaire retrouvé se trouve dans le Musée Lumière.
Le projecteur panoramique Photorama |
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La réussite de la projection tient au fait que Louis Lumière applique à son appareil certains principes de l’obturation du Cinématographe. En lieu et place des systèmes fixes expérimentés jusqu’alors, il utilise ainsi un mécanisme mobile : la projection uniforme de l’ensemble de la photographie enroulée en cylindre est obtenue par la rotation continue à 180 trs/m (3 tours par seconde) d’un plateau supportant 12 objectifs assurant l’agrandissement, disposés à la périphérie de la pellicule qui reste fixe.
Par ce « balayage » réalisé de toute la circonférence de la pellicule, chaque portion d’image est ainsi considérée comme un « photogramme virtuel » et c’est à l’infini que l’agrandissement de cette portion d’image est renouvelé chaque fois qu’un objectif passe devant elle : la « persistance rétinienne » confond alors l’ensemble de ces portions d’images projetées sur l’écran circulaire en une seule image continue. Ainsi, on n’avait plus d’aberrations dues à l’emploi d’objectifs fixes agrandissant chacun une portion toujours identique de la pellicule, ce qui sur l’écran donnait le même rendu que si on projetait individuellement plusieurs images juxtaposées et maladroitement jointives.
La vogue du panorama et autre diorama, née au tournant du XVIIIe s., promettait alors d’être réinventée par le panorama photographique, où des dizaines de prises de vues pouvaient être présentées consécutivement, renouvelant à l’infini le principe figé et pictural des panoramas peints.
Des centaines de photographies d’un format de 8,7x 63 cm furent réalisées.
Le Photorama
Une vue pour Photorama, prise à Dinard en 1901
Malheureusement, l’exploitation de la salle du Photorama installée rue de Clichy à Paris en février 1902 se révéla trop coûteuse, et malgré la prouesse technique et le gigantisme de la représentation, la salle ferma ses portes dès la seconde saison, au printemps 1903.
Il est possible aussi que la fréquentation ne fut pas tout à fait à la hauteur des espérances, cette invention et cette attraction arrivant trop tard alors que les spectateurs s’attendaient peut-être inconsciemment à des projections de panoramas animés … après tout, le Cinématographe n’était-il pas déjà rentré dans les mœurs ?
La Salle du Photorama Lumière à Paris
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