Selon Chabrol

Du vendredi 29 août au dimanche 5 octobre 2025

"Un cinéaste ne mérite ce nom que du moment où il sait ce qu’il fait et ce qu’il veut” déclare Chabrol qui sait de quoi il parle. L’auteur des Cousins, des Bonnes femmes ou du Boucher est une leçon de cinéma à lui tout seul : espionnage sixties, chronique campagnarde, adaptation littéraire, pastiche cinéphilique, documentaire historique, entomologie de mœurs, folies bourgeoises, film noir, métaphysique sentimentale, film policier. Tous les genres jalonnent une filmographie inouïe, parsemée de classiques autant que de films méconnus. Franc-tireur d’une Nouvelle Vague dont il lança la première salve à la fin des années cinquante, il n’aime rien moins que s’échapper des codes, fuir les étiquettes. Chantre d’un “je m’en foutisme” qu’il agite pour mieux masquer un travail acharné, il manie dans de savoureuses interviews la franchise, la drôlerie et les bonnes histoires sur Alfred Hitchcock. Dans ses films, le plaisir est une angoisse, l’angoisse est un plaisir. La truculence le dispute à l’intelligence, l’humour à l’érudition. Chabrol a retenu la leçon des maîtres qu’il vénérait au temps des Cahiers du Cinéma. Résultat : un film par an, quoi qu’il arrive. Car ce cinéphile insatiable sait la valeur des adorations éphémères. Cinéaste adulé remonté de l’enfer, auteur populaire qui dévore les mêmes polars que son public, Patricia Highsmith et Georges Simenon (“Il ne me reste que trois Simenon à lire, disait-il. Dès que c’est fait, je recommence”), il aime les fausses pistes, le paradoxe et les choux à la crème. 
Une rétrospective partielle et passionnante dédiée au spécialiste de l’irrévérence et du contre-pied, à l’occasion de la ressortie en salle par Tamasa de titres dont certains étaient devenus invisibles ces dernières années.

Remerciements à Carlotta Films et Tamasa Distribution.


Les films de la rétrospective


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Le Beau Serge

(1958, 1h35, N&B)

De retour dans son village d’origine, François (Jean-Claude Brialy) y retrouve Serge (Gérard Blain), ami d’enfance devenu alcoolique... Avec cette histoire moderne d’Abel et Caïn filmée dans une réjouissante verdeur, Chabrol donne l’un des coups d’envoi de la Nouvelle Vague.
 

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Les Cousins

(1959, 2h10, N&B)

Charles (Gérard Blain), étudiant timide et sérieux, arrive à Paris pour terminer ses études et est hébergé par son cousin Paul (Jean-Claude Brialy), fanfaron et paresseux... Comme en miroir du Beau Serge, en plus urbain et plus ambitieux, Chabrol retrouve Blain et Brialy et inverse subtilement les rôles. Ours d’Or à Berlin.
 


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Les Bonnes femmes

(1960, 1h44, N&B)

Quatre jeunes vendeuses attendent chaque jour impatiemment l’heure de la sortie afin de vivre leurs rêves de pacotille… Vilipendé à sa sortie par une critique qui n’y voyait que misogynie et mépris, ces femmes osent pourtant braver la bienséance sociale dans cette chronique amère en avance sur son époque. Avec Bernadette Lafont et Stéphane Audran.
 

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Les Godelureaux

(1961, 1h44, N&B)

Vexé d’être la risée du Café de Flore suite à un incident l’opposant à la bande d’Arthur, Ronald (Jean-Claude Brialy) décide de se venger. Au centre de son plan démesurément pervers : la belle Ambroisine (Bernadette Lafont)… Une farce destructrice sur l’inutilité et la bêtise où Chabrol prend plaisir à moquer et critiquer la bourgeoisie oisive.
 


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Landru

(1963, 1h55, coul.)

Pendant la Grande Guerre, Henri Désiré Landru imagine un sordide stratagème pour s’enrichir en séduisant et tuant des femmes riches et seules… Une adaptation teintée d’humour noir, signée Françoise Sagan et Claude Chabrol, de l’affaire de féminicides qui a secoué le début du XXe siècle, avec Charles Denner, Danielle Darrieux, Michèle Morgan.
 

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Les Biches

(1968, 1h40, coul.)

Une bourgeoise parisienne (Stéphane Audran) séduit une jeune fille bohème et l’invite dans sa villa tropézienne. L’apparition de l’architecte Paul (Jean-Louis Trintignant) introduit une jalousie destructrice... Un jeu de domination féroce dans lequel Chabrol inocule patiemment ses poisons. Ours d’argent de la Meilleure actrice pour Stéphane Audran.
 


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La Femme infidèle

(1969, 1h38, coul.)

Charles mène une vie aux apparences parfaites lorsqu’il découvre l’infidélité d’Hélène… Nouvelle incursion dans le milieu de la bourgeoisie où le drame lorgne cette fois du côté du thriller hitchcockien. Une tension bouillonnante et des acteurs au sommet : Stéphane Audran, Maurice Ronet et le regard intense de Michel Bouquet.
 

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Que la bête meure

(Bring Me the Head of Alfredo Garcia, 1974, 1h52, coul., Int. -12ans)

Revenant de la plage, un enfant est tué par un chauffard qui prend la fuite. Le père (Michel Duchaussoy), un écrivain, décide de mener sa propre enquête... En adaptant un roman de Nicolas Blake, Chabrol réalise un thriller grandiose, cruel et obsessionnel, aux accents de tragédie. Un incontournable avec également Jean Yanne et Caroline Cellier.
 


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Le Boucher

(1970, 1h33, coul.)

Hélène (Stéphane Audran), jeune directrice d’école, fait la connaissance de Popaul (Jean Yanne), boucher et vétéran des guerres d’Indochine et d’Algérie. Un jour, on découvre le corps d’une jeune fille tuée à coups de couteau... Chabrol fait bouillonner de l’intérieur une intrigue épurée mais haletante, où les monstres sommeillent au plus profond des hommes.
 

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La Rupture

(1970, 2h05, coul.)

Sous l’emprise de drogues, Charles brutalise Hélène. Elle le quitte aussitôt, emmenant leur fils. Son puissant beau-père ne l’entend pas de cette façon… Un monument noir de la collaboration Chabrol-Audran, porté avec force et engagement par l’actrice dans le rôle d’une femme luttant contre la violence d’hommes riches et puissants.
 


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Juste avant la nuit

(1971, 1h47, coul.)

Laura demande à son amant Charles (Michel Bouquet) de faire semblant de la tuer, mais il l’étrangle vraiment. Elle était l’épouse de son ami François (François Périer)… Chabrol transpose un sujet de pure comédie sur le registre du drame personnel. Un des joyaux méconnu du cinéaste, tirant encore vers le haut la matrice de La Femme infidèle.
 

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Les Noces rouges

(1973, 1h35, coul.)

Lucienne trompe son mari Paul, député-maire, avec son adjoint Pierre, lui-même marié à Clotilde. Les deux amants, absorbés par leur passion, échafaudent un plan contre leur partenaire… Un drame bourgeois ambigu, passionnel et empoisonné, porté par Michel Piccoli, Stéphane Audran et Claude Piéplu.
 


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Une affaire de femmes

(1988, 1h48, coul.)

Sous l’Occupation, tandis que son mari Paul (François Cluzet) est prisonnier en Allemagne, Marie (Isabelle Huppert) aide sa voisine à avorter et devient faiseuse d’anges… Chabrol confronte la liberté et le bonheur individuel d’une femme à la France de Pétain : celle de la famille, de la morale officielle et de la dénonciation.
 

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La Cérémonie

(1995, 1h52, coul.)

Sophie (Sandrine Bonnaire), engagée comme femme de ménage auprès de la famille Lelièvre, cache son analphabétisme. Elle se lie d’amitié avec la postière, Jeanne (Isabelle Huppert), qui lui transmet sa haine des Lelièvre… Chabrol signe un pur film de lutte des classes, secouant avec brutalité la sourde mesquinerie de l’harmonie bourgeoise.