Prix Albert Londres
3 documentaires à voir et à revoir


Posté le 12.09.2016 à 17H


 

Créé en 1932 par la fille de celui qui donna ses lettres de témérité et de rigueur à l'exercice du grand reportage, le prix Albert Londres récompense chaque année de jeunes journalistes dans deux catégories : la presse écrite et l'audiovisuel. C'est dans cette dernière qu'a été primé en 2015 Voyage en barbarie, documentaire accablant sur le terrible trafic de migrants érythréens qui sévit dans la région du Sinaï. En le recevant, ses deux corréalisatrices, Delphine Deloget et Cécile Allegra, rejoignaient une longue liste de prestigieux récipiendaires. Dont ces trois-ci.

 

Rithy Pahn pour S21, la machine de mort khmère rouge (2004)

Rescapé des camps de travail des Khmers rouges dans lesquels périrent ses propres parents, Rithy Pahn a dédié sa vie à l'examen de la mémoire du Cambodge et des plaies que le régime de Pol Pot y a dessinées. Présenté à Cannes hors compétition, S21 est son oeuvre la plus forte, ne serait-ce que par son dispositif, qui repose sur une recherche inédite des gestes disparus, ainsi que sur la confrontation des bourreaux et de leurs victimes.

 

Jean-Robert Viallet pour La Mise à mort du travail (2010)

Quasiment un acte de lanceur d'alertes : en promenant sa caméra des les coulisses managériales de grandes entreprises jusqu'aux prud'hommes, Jean-Robert Viallet a posé une question de santé publique à laquelle il devient de plus en plus urgent de répondre. Celle de la souffrance au travail, fut-elle psychologique ou physique, conséquence de logiques de marché toujours plus productivistes. Découpé en trois parties, le documentaire fut diffusé à l'origine par France 3, avant de récolter quantié de louanges et de prix. Ainsi qu'un procès (gagné) contre Carglass, épinglé pour ses méthodes de recrutement.

 

David André pour Une peine infinie, histoire d'une mise à mort (2011)

Aux États-Unis, c'est une histoire banale. Une condamnation à mort, infligée à un adolescent nommé Sean Sellers : auteur d'un triple meurtre, il passera l'âge adulte à voir venir son éxécution. En le suivant à l'aube de celle-ci puis en recueillant, dix ans plus tard, les sentiments de ceux qui l'ont accompagné d'une façon ou d'une autre vers ce funeste destin, David André en a fait une troublante étude de cas qui, en disant avec pudeur les dégâts qu'elle inflige autour d'elle, souligne l'absurdité de cette peine.

 


 

Réserver vos places pour la soirée "Exils et migrations"
(projection de
Voyage en barbarie en présence de Delphine Deloget, co-réalisatrice)
Mercredi 14 septembre à 19h à l'Institut Lumière