Western d’exception

 


Posté le 08.04.2016 à 10h32


 

5 raisons de courir à La Chevauchée des Bannis.

Chevauchee Des Bannis

  
 
1/ Pour son atmosphère de huis clos au bord de l’explosion
Une petite communauté en crise : un éleveur, qui veut faire transhumer ses bêtes, face aux fermiers, qui clôturent leurs terres avec des barbelés. Au milieu de ce conflit, une troupe de déserteurs en fuite, chargés d’or dérobé à l’armée : sous la conduite d’un colonel blessé, hanté par le souvenir d’un massacre qu’il a laissé faire, les malfrats prennent la petite ville en otage. Personne ne bouge. Et les brutes lorgnent les femmes des villageois…
 
2/ Pour ses paysages majestueux et oppressants
Pour son dernier western, en 1959, André de Toth installa son équipe à Bend, dans l’Oregon et son plateau à une trentaine de kilomètres à l’est, à Dutchman flat (devenu le paradis des skieurs) : il fit construire (et vieillir) un village d’une demi-douzaine de bicoques attaquées par le vent et la neige. Ça pince... Dès qu’on quitte la route, les chevaux s’enfoncent à mi-jarret. Un western en météo hostile ? La Chevauchée des Bannis est l’un des films cités par Quentin Tarantino quand il évoque les influences de ses Huit salopards.
 
3/ Pour (au moins) deux scènes virtuoses
D’abord, un combat à mains nues, où les coups font mal dans l’hiver glacé, qui laisse les opposants à terre, dans la boue et la neige : règlement de comptes magnifiquement filmé en plan large, pour que tout le monde soit dans le champ, ceux qui regardent comme ceux qui cognent. Et puis une scène presque surréaliste de bal au saloon, organisé pour calmer les soldats défroqués, absurde cérémonie sous surveillance à laquelle les villageoises se soumettent, dégoûtées. Cette drôle de scène où le désir est en surchauffe passa curieusement la censure de l’époque, peu vigilante sur les westerns.
 
4/ Pour la performance de Burl Ives
D’accord, il y a Robert Ryan, dans un rôle classique de héros tourmenté (doit-il piquer la femme qu’il aime à son voisin ?). Mais la vraie star du film, c’est Burl Ives (1909-1995), dans le rôle de l’ex-officier à l’autorité froide, qui tient ses hommes comme on dresse des bêtes. Il a quelque chose d’Orson Welles dans l’embonpoint, le charme, la voix suave. Burl Ives, qui venait de recevoir l’Oscar du second rôle pour Les Grands espaces, de William Wyler, était aussi célèbre comme chanteur de folk ou de country



 
5/ Parce que c’est l’un des westerns préférés de Bertrand Tavernier
Grand admirateur de De Toth, prolifique cinéaste d’origine hongroise (1913-2002), qu’il accueillit à l’Institut Lumière lors d’une rétrospective en 1994, Bertrand Tavernier juge qu’il « se montre particulièrement inspiré par l’univers claustrophobe, l’ascétisme étouffant, troué de quelques éclairs lyriques fulgurants de La Chevauchée des Bannis, œuvre aussi décalée, aussi originale que Johnny Guitare. » (extrait de la préface aux mémoires d’André De Toth, Fragments, Institut Lumière / Actes Sud, 1998)
 
 

 Adrien Dufourquet


La Chevauchée des bannis de André de Toth
Ve 8/04 à 19h - Ma 12/04 à 18h45 à l'Institut Lumière

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