Festival Cinémas du Sud

Quelques mots sur la 21e édition
 


Posté le  06.07.2021 à 13H00


 

19 Maroc Zanka Contact

Zanka Contact, d'Ismaël El Iraki (Maroc)
 

 

Abdellah Zerguine, directeur et programateur du festival Cinémas du Sud, s'est ouvert sur son travail et les films sélectionnés cette nouvelle édition qui se tiendra du vendredi 9 au samedi 10 juillet à l'Institut Lumière, avec des films venus d'Algérie, d'Égypte, du Maroc, de Syrie, du Liban et du Soudan.

 

 


Avez-vous éprouvé des difficultés particulières pour constituer cette édition de Cinémas du Sud après un an d'interruption ?

Nous avions fait notre programmation pour avril 2020, qui fut reportée en novembre 2020 avant d’être finalement annulée. Cette 21e édition a été difficile. Elle se réduit à deux jours et avec la contrainte de ne pas pouvoir sélectionner certains films que nous aurions tant aimés faire découvrir au public, car nous en regardons environ 50 en moyenne pour chacune de nos éditions. De plus, cette année, la production de documentaire a été plus importante dans ces cinématographies.

 

En choisissant un film par pays, vous offrez un champ étendu de la cinématographie au Maghreb et au Moyen-Orient. Mais y a-t-il des pays plus prolifiques que d’autres et dont il est parfois difficile de ne garder qu’un seul film ?

Oui, il y a l’Algérie, le Maroc, le Liban, la Tunisie et la Palestine qui sont les pays produisant le plus de longs métrages. Il y a aujourd’hui un intérêt croissant de la part de festivals internationaux (Cannes, Venise, Berlin, Toronto, Sundance…) pour le cinéma indépendant du Maghreb et du Moyen-Orient. Ces cinématographies témoignent de la naissance d’une nouvelle vague de cinéma sur place, qui parle de problématiques réelles dans lesquelles le public peut se reconnaître.

 

Y a-t-il des pays où il est plus difficile de produire des longs métrages actuellement ?

Je dirais l'Irak, la Syrie, le Yemen, le Soudan ou la Jordanie. L’Arabie Saoudite commence à s’ouvrir alors que le cinéma y avait disparu des lieux publics au début des années 1980. Mais depuis 2017, le cinéma saoudien connait une renaissance dans le sillage des changements sociaux dans le pays et les films saoudiens sont primés depuis 2012 dans de grands festivals internationaux. Par exemple, le film Barakah Meets Baraka de Mahmoud Sabbagh, programmé lors de la 17e édition de Cinémas du Sud, avait reçu le Prix du Jury œcuménique au Festival de Berlin en 2016.

 

Y a-t-il une thématique particulière, un mouvement commun qui rassemble les six films présentés cette année ?

La sélection des six films a été faite sur la jeune génération dont c’est le premier long métrage, à part Louxor réalisé par Zena Durra et qui est le deuxième. Cette jeune génération de réalisateurs cinéphiles, nourris par des grands maîtres du cinéma, s’est affranchie de l’influence de leurs aînés. Ces films singuliers témoignent d'une véritable diversité des thèmes abordés.

 

Dans la sélection de cette année, Abou Leila, Le Traducteur ou 1982 abordent l’histoire politique de leurs pays respectifs. Retrouve-t-on cette envie de traiter ces sujets politiques, parfois très sensibles, par cette nouvelle génération de cinéastes au Maghreb et au Moyen-Orient ?

Oui, ces jeunes cinéastes nous offrent une lecture différente des images souvent formatées et sans profondeur de leurs pays vus par les médias occidentaux. Ces trois films nous proposent une lecture différente dans un regard distancié ou frontal dans la réalisation, apportant un éclairage de leurs sociétés en pleine mutation avec cette jeunesse ouverte sur le monde.

Abou Leila témoigne d'une grande inventivité pour mettre en scène un temps présent face à l'horreur du passé durant la décennie noire en Algérie. Ce film d’Amin Sidi Boumédienne ne traite pas du terrorisme mais des traumatismes subis.

Le Traducteur de Anas Khalaf et Rana Kazkaz propose avant tout de monter la manière dont on traite l'information en rapport à la situation en Syrie, préférant l’usage de la fiction plutôt que par le documentaire.

1982 est avant tout un hymne à l'innocence avec en toile de fonds la guerre du Liban. Son réalisateur Oualid Mouaness croit que le cinéma arabe connait une renaissance et qu'il est heureux de faire partie d'une nouvelle vague du cinéma libanais.

 

 

Le Festival Cinémas du Sud se tiendra du vendredi 9 au samedi 10 juillet 2021 à l'Institut Lumière.