Longtemps éclipsé par la fortune critique de Lino Brocka (1939-1991) avec qui il a travaillé, Mike De Leon (né en 1947) retrouve enfin, grâce à la restauration de plusieurs de ses films, la place qu’il mérite dans l’histoire du cinéma philippin : une oeuvre d’opposition radicale au régime du président Marcos, qui plongea plus de vingt ans le pays dans la dictature. À travers la dizaine de films qu’il a réalisés, Mike De Leon n’a cessé de décrire le système sournois d’oppression, mis à l’œuvre via des institutions complices (l’Église catholique, notamment). Il l’a fait indirectement, utilisant parfois des genres cinématographiques différents pour raconter son pays de façon métaphorique.
Comme il l’expliquait au Festival des 3 Continents en 2022 : « Une chose qui rendait mes films un peu différents de la plupart des autres films philippins était qu’ils ne s’attardaient pas sur la description de la misère et de la pauvreté, ce que les festivals internationaux adorent dans les films du tiers-monde. Au lieu de cela, ils traitaient de la corruption des classes moyennes et supérieures philippines, du régime patriarcal abusif dans la famille philippine ou de la formation fasciste inculquée dans les fraternités étudiantes. » Son combat continue, à présent que le fils de Ferdinand Marcos a repris le pouvoir aux Philippines.
Remerciement à Carlotta Films.
Les Rites de mai/Itim Revenu dans sa ville natale, Jun, un jeune photographe, rencontre pendant la Semaine sainte la mystérieuse Teresa… Le premier film comme réalisateur de Mike De Leon flirte avec le fantastique gothique : inspiré par Blow-up et Les Innocents (d’après Henry James), le récit montre la puissance du catholicisme philippin et des personnages hantés par leur passé. |
C’était un rêve Étudiant, Joey cherche un sens à sa vie. Seule la musique l’inspire. Anna s’est mariée trop jeune et souffre de la domination de son mari. Leur rencontre peut-elle tout changer ?… Réunissant un couple vedette (Hilda Koronel et Christopher De Leon, sans lien avec le cinéaste) vu chez Lino Brocka, Mike De Leon signe une fausse comédie romantique d’une grande sensibilité. |
Kakabakaba Ka Ba ?/Frisson Des agents secrets japonais et chinois sont à la recherche d’une cassette mystérieuse que possède un jeune chanteur pop philippin… Mike De Leon choisit le registre de la comédie d’espionnage déjantée pour dire à la fois la menace des grandes puissances voisines et le rôle de l’église dans l’asservissement du peuple. Inattendu ! |
Kisapmata Un policier à la retraite accepte à contrecoeur que sa fille se marie. Il y met une condition : que le couple vive sous son toit… Le plus connu des films du cinéaste : son terrifiant huis clos familial est une allégorie de la répression patriarcale et conservatrice régnant aux Philippines sous la dictature. Un cauchemar claustrophobe et une puissante fable politique. |
Batch’81 Pour intégrer une fraternité étudiante, huit jeunes hommes doivent surmonter un rituel initiatique particulièrement violent… D’un projet de film pour teenagers, Mike De Leon tire une nouvelle allégorie de l’aliénation et de l’embrigadement : les bizutages dont sont victimes les étudiants renvoient à l’état de servitude de la nation philippine. |
Le Paradis ne se partage pas Noël et Melody sont demi-frères par alliance et à l’adolescence ne s’aiment guère. Alors qu’ils vivent désormais l’un et l’autre en couple, ils se retrouvent et se découvrent plus proches qu’ils ne l’imaginaient… Le plus gros succès de Mike De Leon : derrière l’histoire d’amour interdite, une réflexion sur la famille et ses dysfonctionnements. |
Héros du tiers-monde Deux cinéastes préparent un film sur José Rizal, inspirateur de l’indépendance philippine. Mais leur enquête débouche sur des résultats contradictoires… De Leon venait d’abandonner un biopic coûteux sur le révolutionnaire quand il réalisa ce passionnant essai historique, d’une invention permanente, qui interroge la fabrication d’un mythe national. |
Citizen Jake Un journaliste obsédé par la corruption aux Philippines interroge son histoire familiale et le rôle de son père, proche du dictateur Marcos… Dernier film à ce jour de Mike De Leon, suivant près de vingt ans de silence : pour le cinéaste, le combat continue et, une fois de plus, le mal vient de la famille, berceau de l’oppression. Une charge puissante. |
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