Trois visages de Faye Dunaway

 


Posté le  13.10.2014 à 15h26


 

En hommage à la carrière de l’actrice américaine et légende du cinéma Faye Dunaway, le festival Lumière a choisi trois films représentatifs de sa magnifique carrière : Bonnie and Clyde d’Arthur Penn (1967), L’Arrangement d’Elia Kazan (1969) et Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg (1970). Trois chefs-d-œuvres réalisés par trois immenses réalisateurs qui vous sont proposés dans les salles du festival.

 

Thomas Crown

 

    Depuis ses débuts en 1965, Faye Dunaway n’a cessé de tourner avec des réalisateurs exigeants, et ce jusqu’à aujourd’hui, recherchant des rôles subtils de femmes complexes. Admirez-la, par exemple, dans The Yards (2000) de James Gray en matriarche implacable que le drame pousse à une générosité insoupçonnée. Il suffit de la voir apparaître dans des séries télévisées comme Alias ou Grey’s Anatomy pour profiter de son humour et de sa férocité… Faye Dunaway a donc de multiples visages. Afin de prolonger l’hommage qui lui est rendu, en voici trois autres à découvrir au plus vite !

 

1.Une bien charmante otage…

 Dans Les trois jours du Condor (1975) de Sydney Pollack, Faye Dunaway est embarquée par le non moins charmant Robert Redford dans une furieuse course poursuite. Joseph Turner, analyste pour la CIA, échappe de peu à un assassinat visant tous les membres de son bureau. Découvrant que ses supérieurs sont dans le coup, Joseph cherche à fuir. C’est alors qu’il tombe dans la rue sur la belle Kathy Hale, qu’il prend en otage. Bien qu’ayant au début peur de Joseph, Kathy se rend vite compte que son ravisseur lui dit la vérité et décide de l’aider. Faye Dunaway procure à son personnage une élégance et une intelligence qui lui permettent d’échapper à la caricature habituellement réservée aux femmes dans les thrillers. Très enthousiaste de tourner avec Redford, Dunaway avait trouvé bien difficile de prétendre se trouver en danger en sa présence lorsque Kathy est encore suspecte quant à ses intentions. Pollack prit alors les choses en main comme le raconte l’actrice dans ses mémoires : « A ce moment là, j’étais attachée et incapable de bouger, mais Sydney avançait vers moi, ses yeux brillants de colère alors qu’il me détaillait le nombre de choses affreuses qu’il allait me faire. Et laissez-moi vous dire que Sydney a beaucoup d’imagination. C’est aussi un très bon acteur, et il m’a vraiment terrifiée. »

 

2.Une séductrice impitoyable

 Comment oublier le couple McQueen-Dunaway jouant aux échecs dans L’Affaire Thomas Crown (Norman Jewison, 1968) ? Jeu de chat et de la souris entre un riche braqueur de banque et une séduisante détective pour une compagnie d’assurance, L’Affaire Thomas Crown frappe surtout par le chic de sa mise en scène et par l’élégance de ses deux interprètes. Au-delà de sa garde robe affolante (plus de 29 changements de costumes), Faye Dunaway joue la séduction avec maestria et incarne avec force une femme qui s’impose dans un monde d’hommes. Sans compter les difficultés de tournage : la scène du baiser entre les deux acteurs exige huit jours de tournage pour une séquence d’une minute ! Au son de la merveilleuse musique de Michel Legrand, le visage de Faye Dunaway fait tourner tous les moulins de nos cœurs…

 

3.La femme fatale

 S’il y a une chose que l’on serait bien incapable d’oublier, à l’image de Jack Gittes héros du film de Roman Polanski, c’est Chinatown (1974). Lorsque Jack Gittes (Jack Nicholson) accepte l’enquête que lui demande de faire une certaine Mme Mulwray qui soupçonne son mari d’adultère, le détective est bien loin de soupçonner la noirceur du monde qu’il va pénétrer. Surtout lorsqu’il découvre la vraie Mme Mulwray sous les traits de Faye Dunaway. Film noir magistral, le film magnifie son actrice principale qui arbore deux visages traditionnels du film noir : celui de la femme fatale et de l’ange blessé. Allant au plus profond de la noirceur et de la fragilité de l’âme humaine, Faye Dunaway atteint des sommets d’ambiguïté et offre une multiplicité de visages dans ce rôle à l’image d’une carrière pleine de richesses.

 

Elsa Colombani