MIKIO NARUSE,
en quelques dates


Posté le 30.01.2016 à 11H


 

C’est le moins connu des grands Japonais classiques : Kenji Mizoguchi et Akira Kurosawa, découverts dans les années 50 par les festivals européens, se disputèrent longtemps les faveurs de la cinéphilie française. Suivit l’immense Yasujiro Ozu, proche de Mikio Naruse et qui lui fit longtemps de l’ombre. Mais Naruse, au talent d’une simplicité et d’une sensibilité remarquables est aujourd’hui considéré comme un maître à part entière, qui prit le pouls de ses compatriotes et toucha à l’universel. Chronologie avant la programmation à l'Institut Lumière de huit de ses films.

 

Image Original

 

1905
Naissance de Mikio Naruse, le 20 août, à Tokyo. Il est le fils d’une famille d’artisans pauvres. Il a deux ans de moins que Yasujiro Ozu.

1920
Après la mort de son père, à 15 ans, il entre à la société de production Shochiku, sans appétence particulière pour le cinéma. Il y est accessoiriste puis assistant de cinéastes comme Heinoshuke Gosho, spécialiste du shomingeki – un néo-réalisme à la Japonaise.

1930
Après plusieurs scénarios refusés, il peut enfin signer son premier film, burlesque, Un Couple de Chanbara, scénario du patron du studio, Shiro Kido.

1931
Le moyen métrage Bon courage, larbin le fait remarquer par la critique japonaise.

1934
Malgré tout, il est toujours peu considéré à la Shochiku : « Le studio n’a pas besoin d’un second Ozu » aurait dit Shiro Kido.

Ma Femme Sois Comme Une Rose1935
Mikio Naruse rejoint alors P.C.L., studio concurrent, qui deviendra la Toho deux ans plus tard. Il y tourne son premier film parlant, Ma femme, sois comme une rose, qui remporte le prix annuel Kinema Jumpo et dont il épouse peu après l’actrice principale, Sachiko Chiba.

1939
Avec déjà 37 réalisations à son actif (certains films sont perdus), il est devenu à son tour l’un des artisans du shomingeki. Il est le cinéaste des gens de peu, des gens du peuple. Il tourne cette année-là Toute la famille travaille, un titre-manifeste.

1941
La guerre oblige Naruse à ralentir son rythme de travail.

1951
Le Repas ouvre une période faste et de grande maturité dans l’œuvre de Naruse, marquée par plusieurs adaptations littéraires de textes de Fumiko Hayashi et Yasunari Kawabata, futur Prix Nobel de littérature.

1954
Le Grondement de la Montagne, d’après Yasunari Kawabata, est un sommet du style narusien : ses couples mal assortis, ses amours impossibles et tues évoquent les drames intérieurs des personnages de Tchekhov.

1955
Yasijuro Ozu écrit dans ses carnets, où il commente pourtant peu les films qu’il voit : « Nuages flottants [d’après Fumiko Hayashi] est vraiment un film admirable. » Il confie à ses proches qu’il aurait été incapable de le réaliser.

1956
Au gré du courant décrit la fin d’un monde, celui des maisons de geishas.

1957
Mikio Naruse tourne son premier film en couleurs, Nuages d’été, mélodrame rural d’une grande force.

1960
Hideko Takamime (1924-2010) est désormais son actrice fétiche, elle est bouleversante en hôtesse de bar de Ginza dans Quand une femme monte l’escalier.

1964
Les mutations économiques du Japon de l’après-guerre et les amours interdites par les différences d’âge sont au cœur d’Une femme dans la tourmente, toujours avec Hideko Takamime.

1967
Il réalise son dernier film, Nuages épars, en couleurs, affirmant une fois de plus son « invincible style invisible » (selon Edward Yang).


 

1969
Mort de Mikio Naruse.

1998
La rétrospective Naruse du Festival de San Sebastian sort enfin de l’ombre un immense cinéaste.

 

Adrien Dufourquet

 


Rétrospective Mikio Naruse
Du 1er au 26 février