Louise Brooks,
« une actrice étonnante,
une intelligence sans égale. »

 


Posté le  22.06.2020 à 12H45


 

Extrait de La Parade est passée... de Kevin Brownlow
(Institut Lumière / Actes Sud)

 

Loubrooks

 


« Louise Brooks a émergé triomphalement des années après la fin du cinéma muet. Elle est devenue l’objet de l’idolâtrie des milliers de personnes trop jeunes pour se souvenir d’elle dans les films muets, et dont l’admiration est née avec les reprises dans les cinémathèques et les ciné-clubs. Des fan clubs de Louise Brooks ont été créés un peu partout dans le monde. Ses nouveaux admirateurs voient en elle une actrice de génie, une personnalité lumineuse et une beauté sans égale dans l’histoire du cinéma.

Lotte Eisner, dans une première édition de L’Écran démoniaque, demandait : « Louise Brooks était-elle une grande artiste ou simplement une créature éblouissante dont la beauté incite le spectateur à lui attribuer une complexité dont elle n’avait même pas conscience ? » Après que Miss Brooks eut visité Paris, le paragraphe fut modifié. On peut lire maintenant
« Aujourd’hui, nous savons que Louise Brooks n’est par seulement une créature éblouissante, mais c’est une actrice étonnante, dotée d’une intelligence sans égale. »

« Sacrée Lotte, remarqua Louise Brooks. Si je n’avais pas ouvert ma grande gueule, si je ne l’avais pas taquinée à propos de ma prétendue idiotie en 1928, elle n’aurait peut-être pas changé cette question finale dans ce pénétrant paragraphe sur moi. » Louise Brooks est l’une des personnalités les plus remarquables d’Hollywood. Un vrai personnage de cinéma… D’emblée, les faits suggèrent un personnage tout droit sorti de Sunset Boulevard de Billy Wilder. Miss Brooks se décrit comme une recluse. Elle vit seule à Rochester (New York). Elle sort rarement et reçoit rarement, passant la plupart de son temps au lit.

Cette femme pourvue d’une immense énergie créatrice est aussi douée pour l’écriture ; plusieurs des ses articles sont parus dans Sight and Sound. En fait, elle s’est éloignée du cinéma depuis suffisamment de longtemps pour être capable de le regarder avec objectivité. Sa mémoire est excellente et bien qu’elle se souvienne de toutes ses expériences dans les années 1920, elle n’appartient pas, elle même, à cette époque. Elle aime les films muets pour leur beauté et leur qualité, mais elle a mûri et elle sait en discuter en termes rationnels.

Lui parler est une expérience créative. Acharnée dans sa recherche de la vérité, elle peut détecter instantanément l’exagération ou la fabrication. Les inventions de quelques stars et producteurs peuvent susciter chez elle un excès de rage. « Comment pouvez-vous croire de telles conneries ? Ils vous racontent combien ils étaient formidables. Pensez-y un instant ; Comment cela aurait-il pu arriver ? »

Elle est parfaitement honnête tant sur elle-même qu’avec elle-même. Son langage est haut en couleur ; des adjectifs, qui ne sont pas fait pour les oreilles chastes, se mettent soudainement à voler. Sa voix est mélodieuse, et elle dit parfois la durcir pour donner plus d’impact à ses jurons. Le visage exquis de Louise Brooks est toujours là, avec les contours de l’âge mûr. Les cheveux gris sont ramenés en arrière. L’éloquence de la maturité a remplacé la vitalité et l’humour juvéniles.»



La Parade Est Passee Kbrownlow

 

L’historien du cinéma Kevin Bronwlow
dans son ouvrage La Parade est passée
(Institut Lumière / Actes Sud)


Disponible à la Librairie Cinéma de l’Institut Lumière,
au 20 rue du Premier-Film (Lyon 8e).