Attributs vampiriques
5 objets "cultes" réinventés par Polanski
Posté le 10.05.2016 à 10H06
Roman Polanski a souvent raconté que c'est en allant, avec son complice scénariste Gérard Brach, voir des films d'horreur - et notamment les Dracula de la Hammer - sur les Grands Boulevards à Paris que le tandem eut l'idée du Bal des Vampires. Souvent, les spectateurs riaient du film projeté. Pourquoi, alors, ne pas inventer une histoire vampirique franchement drôle ? Mais toute parodie contient sa part d'hommage au genre qu'elle moque. Dans Le Bal des Vampires, la plupart des objets fétiches utiles la nuit dans les Carpates sont au rendez-vous. Passage en revue des attributs du parfait chasseur de vampires, réinventés par Polanski and co.
La gousse d'ail
C'est un signe imparable : quand le professeur Abronsius, chasseur de vampires, et son fidèle adjoint Alfred (joué par Roman Polanski lui-même) débarquent dans cette auberge perdue des Carpates, des gousses d'ail pendent du plafond. Il y a donc des vampires dans les environs... Etalage de chapelets raccord avec les trognes rougeaudes des clients, digne des gravures d'Hogarth (peintre du XVIIIème anglais dont Polanski s'inspirera également pour Oliver Twist). Pour plus de sûreté, ne pas hésiter, comme l'aubergiste Shagal, à croquer une tête à pleine dent : votre haleine fera fuir les vampires malintentionnés. Enfin, pas toujours : Shagal finira avec deux trous au côté droit (du cou).
Le pieu
Dans sa trousse anti-vampire, le professeur Abronsius a tout ce qu'il faut : et particulièrement un bout de bois soigneusement aiguisé, qu'il faudra enfoncer dans le coeur du non-mort pour le tuer tout à fait et, au passage, libérer son âme... Plus facile à dire qu'à faire : quand Alfred, seul en piste - le professeur est coincé à mi-corps dans une meurtrière trop étroite du château - doit "empieuter" le Comte von Krolock et son fils efféminé, le courage lui manque. D'ailleurs, en répétition, il s'est déjà tapé sur les doigts...
Le cercueil
Au château, le Comte a son propre croque-mort, le très difforme Koukol, qui a pour mission de préparer autant de cercueils qu'il faudra pour faire dormir, le jour, les victimes de son maître devenues vampires. Rien d'extravagant : du bois blanc, modèle assez vaste pour que Shagal, désireux de dormir dans la crypte, bien à l'abri des rayons du soleil, s'incruste dans le cercueil du fils de la maison... Utilisation originale et drolatique de la caisse de bois : Koukol s'en sert comme luge pour tenter de rattraper dans la neige les chasseurs de vampires. L'engin s'avoue difficile à manier.
La croix
Le signe du christianisme repousse les vampires, créatures du mal... Nos héros, Abronsius et Alfred, en confectionnent une à la hâte, à la fin du film pour échapper aux invités (défraîchis) du bal. Parfois, ça ne marche pas : pour échapper à Shagal, l'aubergiste mordu par le comte, la jolie servante de l'auberge brandit un crucifix. En vain... Le Bal des Vampires est le premier film de vampires, peut-être le seul, où le vampire est juif, donc insensible au supplice du Messie des Chrétiens.
Le miroir
Rien de mieux pour distinguer un vampire d'un vivant que de le mettre devant un miroir : les créatures du diable n'ont pas de reflet. Alfred en fait l'expérience quand le fils du comte, qui le trouve très à son goût, se rapproche dangereusement de lui. Mais le miroir est surtout le détonateur de la poursuite finale : au terme d'une longue séquence de danse, arrangée et filmée avec virtuosité, tous les danseurs se trouvent face à un miroir, où seuls apparaissent le professeur, Alfred et la jolie Sarah. S'ils ne sont pas des vampires, alors ils sont des proies ! Et la fuite commence...
Adrien Dufourquet
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Le Bal des vampires de Roman Polanski
Ma 10/05 à 20h30 en présence d’Alexandre Tylski, spécialiste de Roman Polanski, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéaste.
Autres séances : Sa 14/05 à 21h - Di 15/05 à 14h30
