Almodóvar programmateur!




Posté le  01.10.2014 à 11h09


 

Le principe du festival Lumière, c’est donc que les artistes d’aujourd’hui disent leur admiration pour ceux qui les ont précédés.

 

Mirage De La Vie03

 

    En 2009, pour la première édition (préparée de longue date, lancée à la hâte, avec un résultat qui dépassa les espérances les plus folles), Clint Eastwood avait donné d’emblée le bon exemple, en demandant à ce qu’on rende hommage à Sergio Leone et Don Siegel. Ceux qui assistèrent à la clôture se souviendront toujours de sa présentation du Bon, la brute et le truand devant 5000 personnes. Quand il s’avança sur la scène de la Halle Tony Garnier en disant : « J’aurais aimé que Sergio soit là… », un frisson enroba l’assistance et marqua le festival naissant.

     L’an dernier, ce fut Quentin Tarantino qui justifia sa place sur le podium mondial de la cinéphilie, et sa réputation, en programmant des œuvres choisies par lui, qu’il alla présenter avec une énergie que nul n’a oubliée.

     Cette année, Pedro Almodóvar reçoit le Prix Lumière et il a également souhaité montrer des films qu’il aime. On n’ignore pas qu’il est aussi un cinéphile d’une grande érudition. Mais sait-on qu’en matière d’histoire du cinéma, Pedro voit tout, lit tout, parle de tout, avec un égal bonheur ? Pour Lumière 2014, il a choisi de composer deux cartes blanches : l’une de cinéma espagnol, l’autre de cinéma international.

     Dans la première, il montrera des films espagnols « pour la plupart tournés à l’époque de la dictature franquiste » et « qui ont su, en plus d’être de beaux films, contourner avec ingéniosité les règles de la censure de l’Église et de l’État, qui étaient aussi absurdes que féroces. » Cela permettra de retrouver le travail de Juan Antonio Bardem, de Victor Erice, de Luis Garcia Berlanga mais aussi de découvrir les noms de Jose Luis Borau, Ivan Zulueta, Carlos Serrano de Osma, Fernando Gomez ou Miguel Picazo.

      La deuxième relève d’un choix précis : Pedro a choisi de programmer les films qui parsèment ses propres films, ceux que regardent ses personnages ou ceux dont on aperçoit le nom, l’affiche au détour de ses propres images : « Ces citations ont un rôle à jouer, écrit Pedro dans le texte du catalogue [sortie le 7 octobre, vernissage le 10 à la librairie Decitre], elles font totalement partie de mes scénarios » « Quand je cite un film de quelqu’un d’autre, poursuit-il, ce n’est pas spécialement pour lui rendre hommage mais plutôt pour m’approprier ses images, ses dialogues et l’émotion qu’il suscite. C’est du vol pur et simple ! »

     Cette deuxième carte blanche s’appelle « Le cinéma en moi » et, avec la série de films espagnols, c’est un beau cadeau que le Prix Lumière 2014, fait aux spectateurs du festival.

     Rendez-vous dans les salles !

 

Lisez les textes de Pedro Almodóvar

Le cinéma espagnol

Le cinéma qui est en moi